CORPS À CORPS
Histoire(s) de la photographie

Article publié dans la Lettre n°577 du 13 septembre 2023



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

CORPS À CORPS. HISTOIRE(S) DE LA PHOTOGRAPHIE. Collections de photographies du Centre Pompidou – Musée national d’art moderne et de Marin Karmitz.
La présente exposition, qui rassemble plus de 500 photographies et documents réalisés par quelque 120 photographes, est le fruit du travail conjoint, depuis deux ans, entre Marin Karmitz et Julie Jones, cette dernière représentant le Centre Pompidou.
Marin Karmitz, réalisateur, producteur et exploitant de salles de cinéma à travers sa société mk2, créée en 1967, est passionné par l’art sous toutes ses formes, et en particulier par la photographie, qu’il collectionne depuis 2001. Il a déjà présenté sa collection à Arles (2010), Paris (2017) et Buenos Aires (2019).
Le Centre Pompidou, avec plus de 40 000 tirages et plus de 60 000 négatifs, possède l’une des plus importantes collections au monde. La collaboration entre un collectionneur privé et une institution publique, ayant chacun leur approche particulière, est complémentaire et permet des rapprochements qui montrent l’évolution de la photographie depuis un siècle. Pour ces deux commissaires, il ne s’agit pas de parler de portrait, de nu, de photographie humaniste, de féminisme ou de photographie documentaire comme cela se pratique généralement. Leur démarche est de donner à voir la nature complexe du rapport entre regardeur et regardé. Chacun apporte une approche qui est la sienne sur l’idée de la photographie et du corps photographié. Accessoirement, la réunion des deux collections a permis de reconstituer des séries ou des ensembles d’un même photographe, tels Christer Strömholm, Sergio Larrain, Man Ray, Christian Boltanski ou encore Annette Messager, chacun ayant à cœur de constituer des ensembles représentatifs de la pratique d’artistes, historiques ou contemporains.
Le parcours comprend sept sections. La première, «Les premiers visages», montre l’importance de celui-ci, d’une manière générale et particulièrement dans la photographie comme le montre les premières photographies de Brancusi ou celles de Lewis Hine, Robert Frank, Dora Maar ou Roman Vishniac pour n’en citer que quelques-uns.
La deuxième section, «Automatisme», est inattendue. Il n’y a plus de photographes mais des machines, les photomatons, apparus dans les années 1920 aux États-Unis puis en Europe, pour faire les photographies. Mais les artistes détournent les photos d’identité pour prendre des poses amusantes, faire des grimaces, etc. Warhol, Boltanski, Duchamp ont particulièrement apprécié ces appareils automatiques, Polaroïd compris.
Avec «Fulgurances» on revient à un usage manuel de l’appareil photographique. Cette fois le photographe cherche à saisir l’instant, à capter l’autre, à le posséder par son image, comme le ferait un chasseur à l’affût de son gibier. Chris Marker disait : «On traque, on vise, on tire et - clac ! Au lieu d'un mort, on fait un éternel.». Parmi les artistes exposés, on remarque Brassaï, W. Eugene Smith ou encore Louis Stettner et ses photographies de passagers du métro de New York.
La quatrième section, «Fragments» nous montre des morceaux de corps tels des mains, des oreilles, des pieds, des sexes, des cheveux, etc. On remarque que la femme est un motif récurrent dans ce type de photos, qui peuvent aussi aider à mieux voir. Avec Eadweard Muybridge (1830-1904), le précurseur, Henri Cartier-Bresson et Annette Messager sont les plus prolixes pour ce thème.
«En soi» nous présente des photographies de personnes qui ne posent pas. Elles sont absorbées dans leurs pensées, rêveuses ou soucieuses, conscientes ou non d’être saisies par l’appareil. Les photographies de Chris Marker, Valérie Jouve et Michael Ackerman illustrent bien ce thème.
La sixième section, «Intérieurs», nous offrent des photographies prises dans des milieux fermés, qui peuvent être un endroit particulier ou un ensemble autonome de personnes. Christer Strömholm, Raymond Depardon, Helga Paris et surtout Laia Abril avec son «Histoire de la misogynie» sont les plus représentatifs de ce sujet.
Le parcours se termine avec «Spectres». Cette fois, le photographe ne cherche pas à montrer des corps, des individus, mais des transitions. Comment la figure humaine se transforme au contact des autres. À côté de Lisette Model ou même de Vivian Maier, on y voit des photographies très récentes, comme celles de SMITH (2017-2021).
Une exposition photographique originale avec de nombreux cartels développés tout à fait passionnants et indispensables. R.P. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 25 mars 2024. Lien : www.centrepompidou.fr.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection