LA COLLECTION EMIL BÜHRLE

Article publié dans la Lettre n°480 du 29 mai 2019



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LA COLLECTION EMIL BÜHRLE. Emil Georg Bührle (1890-1956), né en Allemagne, est envoyé en 1924 à Zurich pour réorganiser l’usine d’Oerlikon, une fabrique de canons, dans laquelle son beau-père a des parts. Il travaille ainsi pour le « réarmement caché » de l’Allemagne, dont l’industrie d’armement a été interdite par le Traité de Versailles de 1919. Bührle s’installe définitivement en Suisse et en obtient la nationalité en 1937. C’est à partir de là qu’il fait ses premiers achats de tableaux avec des Corot, des Courbet, des impressionnistes et des postimpressionnistes.
Son usine dont il est devenu le seul propriétaire reçoit de grosses commandes de la part de la France et de la Grande-Bretagne. La Seconde Guerre mondiale met fin à celles-ci et il livre alors des armes et des munitions à l’Allemagne, ce qui l’enrichit considérablement et lui permet d’acquérir de nombreuses œuvres d’art sur le marché.
À la fin de la guerre, sa société est sur la « liste noire » des Alliés et l’on retrouve chez lui 13 tableaux spoliés par les nazis, achetés en toute bonne foi à la galerie Fischer de Lucerne, qui sera condamnée à les lui rembourser. Il les restitue à leurs propriétaires légitimes puis en rachète 9 d’entre eux.
Étant maintenant à la tête d’un groupe international puissant fournissant les armées des États-Unis, de l’OTAN et de la Suisse, Bührle achète des œuvres au rythme d’une centaine par an entre 1951 et 1956, année de sa mort. Sa collection comporte alors plus de 600 œuvres. Ses héritiers créent la Fondation Collection E.G. Bührle à Zurich et lui lèguent 200 tableaux, pastels et sculptures, exposés dans une maison voisine de celle du collectionneur.
En 2012 un accord est signé entre la Fondation et le Kunsthaus de Zurich. Ce dernier doit faire une extension de ses locaux tandis que la Fondation lui fait un prêt à long terme de ses œuvres. En attendant l’ouverture de cette extension, une partie de la collection voyage en Suisse, au Japon et maintenant à Paris.
Une soixantaine d’œuvres est présentée à Paris en six sections correspondant aux goûts du collectionneur. On y voit ainsi plusieurs tableaux de Manet allant du bucolique Un coin du jardin de Bellevue (1880) au dramatique Le Suicidé (vers 1877). Nous avons aussi, côte à côte, Les Hirondelles de Manet (1873)  et Orage sur Dordrecht d’Aelbert Cuyp (vers 1645). En effet Bührle fait constamment des rapprochements entre des œuvres récentes et des œuvres anciennes.
Après un tableau de Delacroix, qui était pour Bührle un précurseur des impressionnistes par son refus de l’académisme, et des panneaux synoptiques relatifs aux œuvres spoliées, nous entrons dans une grande salle intitulée « Paysages et figures impressionnistes » où sont exposées, à côté d’un tableau de Guardi, des toiles de Pissarro, Sisley, Monet (2 magnifiques Champs de coquelicots), Degas, Renoir, et aussi Fantin-Latour, Cézanne et Gauguin. Certaines toiles sont de véritables chefs d’œuvres comme La Liseuse de Corot (1845-1850), le Portrait de Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers (La petite Irène) de Renoir (1880) ou La Tentation de Saint-Antoine de Cézanne (1868). On y voit aussi La petite danseuse de quatorze ans, un bronze de Degas (moulé en 1932-1936).
Avec « Paris 1900 » viennent de nombreux tableaux de Toulouse-Lautrec, artiste très apprécié de Bührle, et plusieurs nabis (Vuillard, Bonnard, Dufy). On y voit aussi un tableau de Picasso, certainement pas désintéressé, représentant le critique d’art Gustave Coquiot (1901) dans une pose flatteuse devant des tableaux du jeune artiste !
La section suivante « Les postimpressionnistes » nous offre un festival d’œuvres de Gauguin, Van Gogh et Cézanne ainsi que deux tableaux de Vlaminck. Là-aussi nous avons des chefs d’œuvres tels que L’Offrande de Gauguin (1902), Le Garçon au gilet rouge de Cézanne (188-1890) et Le Semeur, soleil couchant, de Van Gogh (1888), un hommage du peintre à Millet.
L’exposition se termine avec « L’Art moderne », peu représenté dans la collection, où l’on trouve le magnifique Nu couché de Modigliani (1916), Le Violoniste de Braque (1912) et deux tableaux de Picasso, un artiste qui ne séduit Bührle que tardivement. Une exposition brillante qui présente l’histoire de l’art sous un aspect très personnel. R.P. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 21 juillet 2019. Lien : www.museemaillol.com.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection