BOLDINI
Les plaisirs et les jours

Article publié dans la Lettre n°551 du 6 juillet 2022



 
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BOLDINI. Les plaisirs et les jours. Le Petit Palais nous régale au fil des ans avec des expositions consacrées à des artistes souvent oubliés mais qui furent très célèbres à leur époque. C’est le cas de Boldini (1842-1931), un peintre italien qui fréquente pendant un temps les Macchiaioli, groupe d’initiateurs de la peinture moderne italienne, adeptes du paysage et du travail en plein air, dont il fait les portraits. Sa manière particulière de peindre ces portraits le fait remarquer par la critique et une riche anglaise. Celle-ci le présente aux grandes familles italiennes et étrangères, ce qui lui procure succès et commandes.
Le 23 octobre 1871, Boldini arrive à Paris, tout juste apaisée. Au lieu de retourner à Londres où il vit depuis le mois de mai, il s’y installe, happé par la vie artistique et palpitante de la future Ville Lumière. Il n’en repartira pas. Pour des raisons purement économiques, il laisse de côté les portraits et se consacre « à l’art à la mode », des peintures de genre de petites dimensions, dont on voit une dizaine d’exemples, aussi ravissants et subtils les uns que les autres, dont plusieurs avec Berthe, qui deviendra sa compagne pendant une dizaine d’années.
Peu à peu Boldini est fasciné par le mouvement et se passionne pour les études faites dans ce domaine. Lui-même cherche comment représenter « le rythme de la ville » comme on le voit avec En traversant la rue (1873-1875) ou mieux encore, Deux Chevaux blancs (vers 1881-1886).
Les tableaux « à la mode » étant en perte de vitesse, Boldini, qui n’est pas un artiste bohème, revient au portrait. Il est introduit dans la haute société parisienne par celle qui deviendra sa muse, son amante et sa protectrice, la comtesse Gabrielle de Rasty. Il exécute aussi bien des portraits officiels, par exemple celui de Cecilia de Madrazo Fortuny (1882), que des portraits intimes comme celui de sa muse, La Comtesse de Rasty allongée (vers 1880). Dans cette section, on admire surtout les deux portraits en pied d’Emiliana Concha de Ossa (vers 1888) où Boldini met en œuvre ce qui sera sa marque de fabrique, un étirement et un affinement des silhouettes, à tel point que les femmes voulaient ressembler à des « Boldini » !
L’artiste met au point ses méthodes de travail dans ses trois ateliers successifs. Les modèles posent dans son atelier, rarement chez eux, s’habillent avec des vêtements somptueux, créés par les plus grands couturiers de l’époque, tels Poiret, Worth, Doucet, et prennent la pose que Boldini leur dicte. Le résultat est époustouflant. Parfois la robe est trop déshabillée et le commanditaire la refuse, au grand dépit de sa femme !
L’exposition s’attache à montrer quelques aspects de la vie de Boldini. Une section est consacrée à ses relations avec le monde artistique et littéraire. C’est ainsi qu’il était très apprécié de Proust. Tous deux créent, avec leurs moyens respectifs, une galerie de portraits de la haute société parisienne. C’est piquant de trouver parmi les robes et accessoires de l’époque exposés ici, en contrepoint des tableaux, une robe ayant appartenu à la comtesse Greffulhe, celle qui inspira à Proust l’un de ses personnages, la duchesse de Germantes.
Une autre section décrit ses relations amicales avec deux autres artistes, Georges Goursat, dit Sem, un remarquable caricaturiste dont on feuillette, en vidéo, l’Album Tangoville-sur-mer (1913), et Paul-César Helleu, un autre portraitiste mondain.
Boldini se flattait d’avoir « peint tous les genres ». Pour illustrer cette affirmation, les commissaires présentent des paysages (diverse vues de Venise), des natures mortes (Un coin de la table du peintre, vers 1897 ; Le Melon, vers 1905), des études (Étude de bras et fleurs, vers 1909) etc. Néanmoins on ne trouve pas ici de tableaux historiques ou religieux, passés de mode, ni de tableaux d’avant-garde, Boldini n’ayant jamais franchi le pas. Pour Boldini, l’avant-garde c’est dans la mode qu’il la trouve et même qu’il la crée. Une exposition éblouissante avec ces portraits pleins de vie, originaux et exubérants. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 24 juillet 2022. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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