AVENTURIERS DES MERS. De Sindbad à Marco Polo. Avant même de  pénétrer dans l’enceinte de l’Institut, nous découvrons sur le parvis, Nizwa, un magnifique boutre omanais de  30 mètres de long. C’est une réplique de ces navires traditionnels construits  entièrement en bois qui naviguaient depuis le IXe siècle dans le Golfe  Persique. ll est amarré habituellement au Port-musée de Douarnenez. C’est l’un  des derniers boutres en bois construit dans les chantiers de « Sur » à  Oman en 1992.
                L’exposition elle-même se veut à  la fois scientifique et ludique. La scénographie tout à fait exceptionnelle, nous  permet de comprendre les enjeux de ces voyages en mer, en particulier dans l’océan  Indien. A partir du VIIe siècle les arabes, présentés surtout comme des gens du  désert, règnent en maîtres sur les mers jusqu’au XVIe siècle et la bataille de  Lépante (1571). Au cours de celle-ci une coalition d’Etats européens défait la  flotte du sultan et met fin au monopole ottoman.
                Le parcours de l’exposition est  jalonné d’hologrammes de grands navigateurs qui nous racontent quelques-unes de  leurs aventures. On commence ainsi avec Sindbad, marin légendaire dont les  exploits sont contés dans les Milles et  Une Nuits et on termine avec Vasco de Gama qui ouvrit la route de l’Inde  via le cap de Bonne-Espérance (1497-1499). Entre les deux nous sommes  accueillis par Ibn Jubayr, un andalou qui fit de son voyage d’un an au  Moyen-Orient en 1184 un récit précis ; Ibn Majid, né vers 1432, expert  incontesté de l’océan Indien, qui rédigea plusieurs ouvrages de  navigations ; Ibn Battûta, né à Tanger en 1304, qui sillonna l’Europe et  l’Asie, jusqu’en Chine, parcourant plus de 120 000 km entre 1325 et 1349 ;  Zheng He, chinois d’origine mongole, amiral de la flotte de l’empereur, à la  tête de navires mesurant plus de 60m de long (mais on parla aussi de plus de 100m !) ;  et enfin Marco Polo, l’auteur de Le  Devisement du monde, qui partit à l’âge de dix-sept ans avec son père et  son oncle pour un immense périple à travers l’Asie, dont ils ne revinrent que  vingt-cinq ans plus tard.
                La première partie du parcours  est consacrée à « La mer étrange et redoutable ». La scénographie  évoque la coque d’un navire. Sur un mur des images de vagues gigantesques  filmées par Yann Arthus Bertrand. Dans les vitrines des mâchoires de requins,  un curieux étendard en forme de tête de poisson, des livres décrivant des  scènes monstrueuses comme celle de Jonas et la baleine, un récit biblique  commun aux trois religions monothéistes, ou celle de la construction de l’arche  de Noé (Inde, vers 1610).
                La deuxième partie,  « Naviguer, une intelligence du monde », nous montre, dans une salle  occupée par des vitrines évoquant un compas ouvert, des cartes anciennes, comme  la Mappemonde de Fra Mauro (Venise,  vers 1450), la vue de Venise de Piri Reis  (Turquie, vers 1670) ou encore cette Tabula  Rogeriana (Livre de Roger) (d’après Al Idrisi, XIIe siècle) ; des  instruments de navigation et des maquettes de bateaux provenant du musée de la  Marine.
                La troisième partie, la plus  grande, « Marchandises & convoitises » explique pourquoi il y eut  tant de voyageurs dans cette partie du monde. Dès l’antiquité on savait qu’on y  trouvait des épices, des textiles et des matériaux précieux et la production de  ces produits s’était orientée en partie vers l’exportation. Nous pouvons voir  toutes sortes d’objets provenant de l’orient : des minéraux, des  céramiques (assiettes, plats, pichets, gourdes, jarres, etc.), un chandelier,  un brûle-parfum, des objets en ivoire dont un magnifique Jeu d’échecs, dit de Charlemagne (XIe siècle), l’Olifant de Saint-Orens (XIe - XIIe  siècle) et un coffret (Italie, XIIe  siècle) ; un cabinet en ébène,  bois de rose, os et laiton doré (Goa, fin du XVIIe siècle) ; etc. Des  maquettes de bateaux, des portraits, des étoffes, complètent cette partie.
                L’exposition se termine par une  évocation des compagnies occidentales et de leur mainmise sur l’organisation  des échanges commerciaux avec un canon (Amsterdam, 1636) et un tableau  représentant la Bataille de Lépante (Vénétie, huile sur toile, 1571-1600). Les enfants peuvent poursuivre leur  visite dans un atelier pédagogique et mettre à profit leurs connaissances toutes  fraiches d’une manière très ludique. Une exposition somptueuse, très  instructive et riche en vidéos de toutes sortes réalisées par Christine  Coulange. R.P. Institut du Monde Arabe 5e. Jusqu’au 26 février  2017. Lien : www.imarabe.org.