ANIMAL KINGDOM. SEAN  LANDERS. Il n’est pas encore représenté en France, ni exposé dans un musée  français, mais Sean Landers, né en 1962 à Palmer (Massachussetts), s’est fait  connaître lors de sa rétrospective au Consortium de Dijon en 2020. La présente  exposition nous donne un aperçu de son œuvre peint et sculpté, plein d’humour  et de fantaisie. 
Comme d’habitude, les œuvres sont exposées d’une part dans  la grande salle d’exposition temporaire du rez-de-chaussée et d’autre part dans  les salles d’exposition permanente où elles dialoguent avec les pièces du musée.  Les affiches nous avaient prévenus, nous n’allions pas voir des représentations  fidèles d’animaux. Mais le choc est spectaculaire quand on découvre sur les  murs, autour d’un combat de cerfs naturalisés, des représentations de Cerf élaphe, de Mouflon canadien, d’Antilope d’Amérique,  de Chat sauvage, d’Ocelot, etc. dont la forme est très précisément  celle de l’animal mais avec une fourrure dont les poils forment un tartan.  Néanmoins, la couleur de ces tartans est en harmonie avec celle du véritable animal,  représenté d’une manière hyperréaliste sur fond de paysages d’Amérique. C’est  absolument bluffant.
Vient ensuite un tableau montrant un jaguar mirant son image  dans un cours d’eau sur un fond de troncs d’arbres. Landers a intitulé cette  toile L’impérieuse nécessité du  narcissisme pour l’esprit artistique (Jaguar) (2014)  et a inscrit son prénom un peu partout sur les arbres. Cette œuvre fait face au Portrait de Simon Miray, secrétaire du  Roi, de Louis Tocqué (1693-1772), lui aussi expression de vanité et d’orgueil !  Au fil du parcours, nous voyons d’autres peintures avec des troncs d’arbres en  arrière-plan, sur lesquels ont été gravées dans l’écorce toutes sortes d’inscriptions.  Bien sûr, il faut leur prêter un regard attentif pour les lire.
Parmi les pièces les plus spectaculaires,  citons le Lion en hiver (2019) présenté  en face d’un magnifique lion assis naturalisé, appartenant à la collection du  musée. Ici pas de tartan mais du bois, comme une sculpture. Dans la «Salle du  cerf et du loup», Maroon Bells (cerf), un  cerf élaphe grandeur nature, sur un fond représentant un paysage de montagne,  le célèbre massif de Maroon Bells (Colorado), fait face au cerf naturalisé de  la salle. Autre face à face spectaculaire, celui de cet Ourson polaire (North Slope, Alaska) (2015), avec sa fourrure en tartan bleu et  blanc, en face du gigantesque ours blanc dressé sur ses pattes, qui fait la  gloire du musée.
Dans la «Salle des trophées» nous avons deux sculptures anthropomorphiques  en bronze, mi-hommes, mi-animaux, M.  Lapin et Roi éléphant (2003),  preuves de l’imagination débordante de l’artiste.
Au second étage, dans la salle de la forêt, sont exposées quatre  toiles de Sean Landers abordant différents sujets. On y voit un Chimpanzé de bois (2020), une peinture  imitant le bois, analogue au Lion en  hiver, et deux toiles, Une soirée  enneigée dans les bois (2015) et Cette chose (2017), représentant des  troncs d’arbres couverts d’inscriptions entaillées dans l’écorce. Cette fois,  ces troncs sont le sujet même du tableau. Les inscriptions, souvent ironiques,  nous renseignent sur la pensée et la philosophie de leur auteur et méritent qu’on  s’y attarde pour les déchiffrer. Enfin, nous avons une représentation du Plankboy (Pygmalion) (2019). Ce pantin,  imitant ici une sculpture en bois, est une métaphore de Sean Landers et de ses  contemporains perdus dans les contradictions de leur époque. Nous en voyons, dans  l’escalier, un autre exemplaire, un bronze peint à la main donnant lui-aussi  l'impression d’une sculpture en bois.
Dans la dernière salle où sont exposées des toiles sur des animaux,  nous avons la surprise de voir un magnifique portrait hyper réaliste d’un Labrador blanc (2023). Comme Votre serviteur (2023), autre tableau  avec un labrador vu précédemment, cette toile a été peinte spécialement pour  cette exposition.
Le parcours se termine avec une grande peinture intitulée Jaguar (L’impérieuse nécessité du narcissisme  pour l’esprit artistique) (2014). Là aussi, comme dans le tableau  au titre identique mais inversé, vu au début du parcours, il y a bien un  jaguar, mais dans une boule de cristal qui trône au milieu d’une bibliothèque. Les  inscriptions portées sur la tranche des livres, lues de gauche à droite,  restituent le dialogue intérieur de l’artiste. Sean Landers a peint toute une  série de bibliothèques de ce type, chacune associée à un animal, sujet d’une  seconde toile.
Une exposition fort bien présentée et documentée, très  originale et ironique. R.P. Musée de la  Chasse et de la Nature 3e. Jusqu’au 10 mars 2024.   Lien : chassenature.org