ALBERTO GIACOMETTI / DOUGLAS GORDON. The morning after. Douglas Gordon est né à Glasgow en Écosse en 1966, l’année même de la mort de Giacometti. Il s’est fait connaître sur la scène internationale par ses films, ses vidéos, ses installations, ses photographies et ses sculptures. Il travaille à Berlin, à Glasgow et à Paris. En 2020-2021 il a été en résidence à l’Institut Giacometti.
Pour Christian Alandete, le commissaire de cette exposition, « le travail de Gordon sur la distorsion du temps, la tension entre des forces contraires et les dualités telles que la vie et la mort, le bien et le mal, rejoint les interrogations de Giacometti sur la condition humaine. » Pourquoi pas, mais ce qui nous a particulièrement intéressés, c’est la présentation par Gordon de ces toutes petites sculptures de Giacometti.
En 1935, Giacometti rompt avec le mouvement surréaliste et revient à un travail d’après nature en faisant poser un modèle professionnel, Rita Gueyfier dont il sculpte la tête à une toute petite échelle. Ce sera le début de sa descente aux enfers. Pendant dix ans, il n’exposera plus aucune œuvre nouvelle. Sa production se limitera à de tout petits objets qui peuvent tenir dans une boîte d’allumettes.
Gordon, spécialiste du moulage de ses propres mains et bras, qu’il reproduit dans toutes sortes de matériaux, du plâtre à l’or, de la cire à la glace, a réalisé pour cette exposition des bras et des mains, en plâtre ou en cire, qui tiennent quelques-unes des sculptures miniatures de Giacometti. On peut voir ainsi, outre Tête de femme (Rita)(1936), Petit buste sur double socle (Rol-Tanguy) (c. 1946), Petite tête de Marie-Laure de Noailles sur socle (c. 1946), Simone de Beauvoir (1946), Tête d’homme (1962-1965) Petite tête de Diego (c. 1936), Figurine sans bras (c. 1956), Buste d’Ottilia (1937-1938), etc. Les mains de Gordon tiennent ces figurines entre leurs doigts (Petite Figurine) ou bien les enveloppent comme pour les protéger (Petit buste de Silvio) ou encore les présentent dans la paume des mains (Toute petite Figurine, c. 1937-1939).
Une sculpture fait exception. Il s’agit de La Jambe (1958), sculpture de grande taille sur laquelle Gordon a accroché une main, tandis que deux autres sont disposées à proximité.
L’exposition présente aussi des œuvres de Gordon sans liens avec Giacometti comme cette Pièce à conviction G (2016) en marbre de Carrare, ce chat en verre (Psycho Bunny, 2020) ou encore ces sortes de moulages d’oreillers en cuivre poli (Journaux, 2019-2022). Plusieurs vidéos sont là-aussi, dont une réalisée dans le salon de l’Institut Giacometti donnant sur la rue, Invisible à l’œil nu (2022).
Enfin, dans le cabinet d’arts graphiques, à côté de nombreux livres et revues sur lesquels Giacometti a griffonné des dessins tels que Têtes d’homme,Figures debout, Homme qui marche, Tête de femme, etc., nous avons d’étranges « Yeux sans », tels que Yeux sans Audrey Hepburn (2010) ou simplement Yeux sans inconnu (2010), obtenu en découpant au cutter sur des photographies les yeux en question. Une association originale de deux artistes. R.P. Institut Giacometti 14e. Jusqu’au 12 juin 2022. Lien : www.fondation-giacometti.fr.