20 ANS
Les acquisitions du Musée du Quai Branly - Jacques Chirac

Article publié dans la Lettre n°489 du 30 octobre 2019



 
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20 ANS. Les acquisitions du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Dans les années 1990, la rencontre entre le collectionneur et galeriste Jacques Kerchache et le Président Jacques Chirac sur une plage de l’Île Maurice est déterminante pour le projet de musée des Arts premiers. Celui-ci est créé en 1998 et porte le nom de musée du quai Branly. Il hérite des collections du musée de l’Homme et du Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, elles-mêmes héritières d’œuvres entrées dans les collections nationales dès la fin du 16e siècle, pour les plus anciennes. En 2000, le pavillon des Sessions, composé de cent huit chefs-d’œuvre provenant d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, sélectionnés par Kerchache, est inauguré au Louvre, marquant ainsi l’entrée d’œuvres majeures produites par les trois quarts de l’humanité dans un musée d’art.
Enfin, en 2006, le musée du Quai Branly est inauguré. Toutefois dès 1998, les équipes du nouveau musée ont commencé à repenser le rôle patrimonial d’un tel musée. Celui-ci ne devait pas être le gardien d’œuvres anciennes, à l’image des musées d’ethnographie, mais le témoin de l’art non occidental. Aujourd’hui, la mission du musée du quai Branly – Jacques Chirac est de poser un regard d’expert sur tous les arts non-occidentaux. Il est le gardien et non le propriétaire, qui est l’État, d’un patrimoine actif. Comme le définissait Claude Lévi-Strauss, son rôle est de « Comprendre comment fonctionne l’esprit des hommes. »
En 2018 le musée est affectataire de 382 538 inscrites à l’inventaire. Depuis 1998 il en a acquis 77 082 (dont 15 587 objets) sans compter archives et documents iconographiques. Près de 60% sont des dons. Le reste provient de dations et d’achats. Comme le musée d’Orsay ou le Centre Pompidou, le musée a reçu à sa création un crédit exceptionnel d’acquisition. Aujourd’hui il dispose de 1,3 million d’euros par an pour ses acquisitions, ce qui lui permet de faire entrer chaque année un objet majeur dans ses collections.
L’objet de la présente exposition n’est pas uniquement de nous montrer une sélection de quelque 500 œuvres iconiques parmi les 77 000 acquises durant ces vingt premières années mais aussi de nous expliquer comment fonctionne un tel musée, comment on recherche certains objets (par exemple les spatules taïno), comment on les documente et comment on les classe.
Le parcours commence par un rappel historique sur les collections au moyen de grands tableaux synoptiques. C’est « Le temps long des collections (1558-2018) ».  Vient ensuite « Les grands axes d’enrichissement » où se détachent les collections d’artistes et d’intellectuels au 20e siècle. On songe à Breton, Picasso, Matisse et Gauguin qui déclarait : « Vous trouverez toujours le lait nourricier dans les arts primitifs ». Mais il y a aussi la photographie et le dessin au 19e siècle, les collections d’ensembles, comme ces calebasses ou ces plumes d’indiens d’Amériques, les collections de textiles et de parures, y compris contemporaines.
Au milieu du parcours une section évoque les archives et les ouvrages au musée. Claude Lévi-Strauss, l’une des grandes figures de l’anthropologie du 20e siècle, est honoré par la  reconstitution de son cabinet de travail.
Vient ensuite une deuxième partie « De l’héritage au contemporain » avec des sections consacrées à la photographie africaine moderne, aux chants et voix d’enfants du monde entier (anthologie sonore de près de 2 600 chants), à l’art contemporain en Afrique, Asie, Océanie et Amériques. On a ainsi des productions récentes sur divers supports en provenance d’Égypte, d’Australie et même de la Nouvelle-Orléans avec un extravagant costume de reine des Indiens de Mardi gras, qui n’est porté qu’une seule fois.
L’exposition se termine avec une cinquantaine d’œuvres majeures de la collection, venues des collections anciennes ou nouvellement acquises, comme cette œuvre fondatrice du musée dont elle est devenue l’emblème, une statuette féminine dite la Chupicuaro (Mexique, 600-200 avant J.-C.). Une exposition passionnante, bien documentée, avec une scénographie exemplaire. R.P. Musée du quai Branly – Jacques Chirac 7e. Jusqu’au 26 janvier 2020. Lien : www.quaibranly.fr.


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