SIGNAC,
les harmonies colorées

Article publié dans la Lettre n°527 du 7 juillet 2021



 
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SIGNAC, les harmonies colorées. La présente exposition nous rappelle, en plus modeste, l’exposition magistrale de 2001 au Grand Palais (Lettre n°184). Mais ici, ce qui est remarquable, c’est que toutes les œuvres présentées proviennent d’une même collection, qualifiée par les commissaires de « plus bel ensemble d’œuvres néo-impressionnistes en mains privées ».
Le parcours se déroule selon un ordre chronologique et associe à Paul Signac (1863-1935) d’autres artistes. En guise d’introduction, il commence par la présentation du mouvement néo-impressionniste et la rencontre de Signac et Georges Seurat (1859-1891), les premiers à mettre en pratique le principe de la division des couleurs, suite aux travaux d’Eugène Chevreul sur la perception de la lumière. Trois toiles de Signac illustrent cette nouvelle technique, «Saint-Briac. Le Béchet » (1885) et surtout « Avant du Tub. Opus 176 » (1888) et « Saint-Briac. Les balises, Opus 210 » (1890). À côté de celles-ci nous avons des dessins de Seurat, Maximilien Luce et Théo Van Rysselberghe, autres acteurs du mouvement Néo-impressionniste, selon l’appellation donnée par le critique Fénéon (Lettre n°492).
La deuxième salle nous montre comment procédait Signac. Peintre autodidacte qui s’était lancé dans la peinture après avoir vu une exposition de Monet, il avait rejoint le groupe des impressionnistes et était encore imprégné de leur technique. Le travail en plein air ne se prêtant pas à la technique de la division des couleurs car il ne faut pas mélanger les pigments, cela oblige à faire des travaux préparatoires d’après nature avant d’entreprendre la composition finale en atelier. Nous voyons ici plusieurs études de ce type, dont une pour son chef d’œuvre, « Au Temps d’Harmonie » (1893-1895 - Mairie de Montreuil), dont on voit une reproduction sur le mur.
Les sections suivantes font place à d’autres artistes intéressés par le Néo-impressionnisme. C’est le cas de Pissarro, mais seulement quelque temps à la fin des années 1880, de Théo Van Rysselberghe, de Henri-Edmond Cross et de Maximilien Luce. À côté de ces célébrités on trouve également des artistes moins connus comme Louis Hayet, Achille Laugé ou encore Georges Lacombe.
Le parcours reprend avec de nouvelles œuvres de Signac. Avec le temps, la peinture de celui-ci devient de plus en plus colorée, surtout au cours de ses séjours dans le midi (Saint-Tropez, Antibes, etc.), et il se passionne pour l’aquarelle. Nous en avons une vingtaine dont quatorze appartiennent à son admirable série représentant une centaine de ports français allant de Dunkerque à Menton, peints de 1929 à 1931 à la demande de Gaston Lévy, créateur de la chaîne de magasins Monoprix, son mécène et ami.
La dernière salle présente d’autres toiles peintes au début du XXe siècle. Elles illustrent les deux approches de l'artiste qui s’éloigne peu à peu du naturalisme. La première consiste à choisir une couleur dominante pour structurer la toile. On a ainsi « Marseille. Le Vieux-Port» (1906) où se retrouvent presqu’exclusivement, dans une sorte de monochromie, toutes les nuances de bleu. La seconde, au contraire, met en œuvre une polychromie audacieuse alliée à un équilibre rigoureux de la composition. On le note dans deux toiles magnifiques, « Sainte-Anne (Saint-Tropez) » (1905) et « Juan-les-Pins. Soir (première version) » (1914). Une exposition attachante, bénéficiant d’une scénographie particulièrement réussie. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 26 juillet 2021. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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