ZOLA L’INFRÉQUENTABLE

Article publié dans la Lettre n°562 du 25 janvier 2023


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ZOLA L’INFRÉQUENTABLE de Didier Caron. Mise en scène de l’auteur. Avec Pierre Azema, Bruno Paviot.
Émile Zola était-il à ce point infréquentable ? Ses romans dédiés à la classe ouvrière déplaisaient à la classe bourgeoise, ses positions politiques dérangeaient la droite et les antisémites.
L’écrivain compte pourtant quelques amis, Alphonse Daudet, entre autres, chez qui il vient de dîner, lorsque survient Léon Daudet, fils de son illustre père. Entre l’auteur des Rougon-Macquart et le pamphlétaire nationaliste et pigiste, la conversation s’engage sur la dégradation du capitaine Dreyfus à l’École Militaire à laquelle Léon Daudet vient d’assister avec un plaisir malsain. Les paroles haineuses qu’il exprime à l’encontre de l’officier de confession juive scandalise Zola, choqué que l’on puisse accuser un homme pour sa religion sans avoir aucune preuve de sa culpabilité. Chacune de leurs rencontres voit se répéter le même duel verbal entre les deux hommes. Le décès d’Alphonse Daudet qui les peine malgré tout, ne freine même pas les propos virulents de son fils. Tout est bon pour salir l’auteur exécré, ses origines italiennes, son échec au bac, sa lutte en faveur du capitaine, prise pour de l’opportunisme littéraire, ou sa vie privée.
Après le célèbre « J'accuse » qui vaut à Zola un procès en diffamation et l’exil, la révision du procès lui donne raison mais ne calme pas les esprits, et les circonstances de sa mort resteront un mystère. 
L’affaire Dreyfus qui opposa dreyfusards et antidreyfusards à coup d’articles incendiaires témoigne de son climat passionnel, typique d’une époque où le sentiment de haine qui avait explosé durant la Commune persistait, divisant durablement la population.
À la faveur d’un décor astucieux, Didier Caron met lui-même en scène le texte qu’il a écrit, dont le vocabulaire ordurier surprend malgré tout. Pierre Azema interprète un formidable Zola aux réparties toujours maîtrisées face aux attaques pleines de haine de Léon Daudet, excellent Bruno Paviot. La virulence des invectives fait toujours écho aujourd’hui, surtout sur les réseaux sociaux qui préservent l’anonymat. Une excellente pièce à ne pas manquer. M-P P Théâtre de la Contrescarpe 5e.


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