VOYAGE AVEC UN ÂNE d’après Robert-Louis Stevenson. Adaptation Maxime Bentegeat et Clémence Penicaut. Mise en scène Fanette Jounieaux. Avec Christophe Paris, Clémence Penicaut, Clément Pellerin ou Jean-Baptiste Debost, Maxime Bentegeat ou Victor O’ Byrne.
Peintres, écrivains… Qui n’a pas été séduit par le désir impérieux de partir un jour en quête d’horizons lointains ? Robert-Louis Stevenson ne fait pas exception, une façon pour lui d’apaiser la douleur d’une rupture avec Fanny, la femme de sa vie.
« Je ne voyage pas pour aller quelque part. Je voyage pour voyager », écrit-il. Il choisit la France et une région reculée, les Cévennes. Marcher, dormir à la belle étoile, il sait faire mais son équipage est lourd, il nécessite une monture. Ce sera Modestine, une ânesse, qu’il paie le prix fort, le muletier l’a vu venir. Il le sait mais qu’importe, le voilà parti ! Un bourricot, cependant, est un bourricot et il faut maintes astuces au héros et l’invention toute simple d’un autochtone pour que Modestine consente à marcher droit. Paysages somptueux, exaltation des sens, étapes plus ou moins spartiates, rencontres pittoresques, soleil, clair de lune, pluie ou orage, l’écrivain écossais savoure chaque minute. Il subit ou profite, ne s’embarrassant que du souci de s’égarer et portant dans son cœur lourd le souvenir puissant de Fanny qui peuple ses rêves.
Charmant, surprenant, drôle, les mots sont faibles pour qualifier ce spectacle. Manipuler les accessoires, produire les bruits, le son et les lumières, à point nommé, représentent un tour de force amplement égalé par l’interprétation. Ils ne sont que quatre pour endosser les costumes des multiples personnages, coursier, moine, tenancière, cocher… Bref, tous ceux que le héros et son ânesse croisent tout au long de leur cheminement. Celui de Modestine n’est pas des moindres. C’est Clémence Penicaut qui s’y colle avec un inénarrable savoir-faire, trottinant, hennissant, mastiquant comme il se doit. Il flotte sur scène une créativité et une énergie qui n’échappent pas au spectateur bluffé. Oui, les mots sont faibles … ! M-P P. Théâtre Le Funambule 18e.