VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT de Louis-Ferdinand Céline. Mise en scène et interprétation Franck Desmedt.
Ce voyage est une errance dans les dédales de la bêtise humaine, de l’absurdité universelle, de l’impossibilité de comprendre ce qui entoure l’homme en marche, Bardamu. C’est d’abord le soldat en proie à la Première Guerre mondiale, l’ineptie généralisée des militaires relayée avec succès par les édiles locaux. C’est ensuite la divagation au travers des méandres coloniaux, entre dangers de la jungle africaine et voracité des parasites humains. La ruée vers l’Ouest qu’offre l’Amérique ferait-elle naître l’espoir de l’aventure enfin humaine et tendre ? Le travail à la chaîne et l’amour sans grâce rattraperont là encore Bardamu. La fuite dans le retour à la France en fera un médecin, condamné à la misère des autres entremêlée à la sienne, et il assistera impuissant à la mort de l’innocence.
De cette détresse sans fond, Franck Desmedt trace un itinéraire bouleversant, entre vagues lueurs d’espoir et insondables pans d’ombre que zèbre l’artifice des néons. Le monde décidément est une vaste poubelle, où l’on puise à la fois une eau à peine rafraîchissante, par laquelle l’on pagaie sur le fleuve, sur laquelle on s’assoit par moments, à bout de souffle, dans un pessimisme que rien ne saurait amender. Un moment de théâtre remarquable dont on ne sort pas indemne. A.D. Théâtre de la Huchette 5e.