VINCENT, SON MARI ET SA FEMME

Article publié dans la Lettre n°616 du 14 mai 2025


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VINCENT, SON MARI ET SA FEMME de Frédéric Sabrou. Mise en scène de l’auteur. Avec Pascal Ruiz, Jean Grimaud, Isabelle Hétier.
Lors d’un bal, Grégoire et Betty le repérèrent tout de suite dans la foule des danseurs: Vincent «attirait les pupilles comme deux boussoles». Ils ne résistèrent pas au coup de foudre, acceptant ses conditions: c’étaient eux deux avec lui ou personne. Bien sûr, il y eut des orages mais les deux rivaux apprirent à se supporter plutôt que de le perdre. Le «trouple» instaura un mode de vie un peu étrange mais pérenne dans lequel Vincent se laissa dorloter.
Trente-cinq ans plus tard, malgré les petites dissensions, le trio pense encore que c’est pour la vie et pourtant. Depuis quelques jours, force est de constater que le comportement de Vincent est bizarre. Qui dit bizarre dit amoureux. Grégoire et Betty n’en croient pas leurs yeux, découvrant l’existence du très jeune Apollon, tout droit débarqué d’Italie. Comment affronter ce coup de poignard dans leur contrat et que faire face au démon de midi pathétique de l’être aimé?
Au-delà de la question de la bisexualité et de l’homosexualité, c’est l’usure du temps dans un ménage à trois que Frédéric Sabrou explore dans l’espace presque nu du plateau, aiguillonné par une musique qui colle parfaitement aux événements. Sa mise en scène décrit avec minutie le comportement des trois personnages grâce à des dialogues ciselés. Que devient l’amour que se portent deux hommes et une femme depuis trois décennies face à la jeunesse et au désamour soudain de l’un d’eux? Grégoire et Betty subissent cette trahison de plein fouet. D’antagonistes, ces deux êtres tellement différents s’accordent au point de devenir complices pour tenter de revenir à la situation d’avant. La légèreté des premières scènes laisse peu à peu la place au constat amer de l’échec d’un amour qu’ils voulaient éternel. Surprise, douleur, fureur, jalousie, acceptation, Pascal Ruiz et Isabelle Hétier s’entendent pour exprimer à deux ce que toute personne éconduite ressent. Jean Grimaud est parfait dans son rôle de sexagénaire grisé par cet amour inattendu, trop aveuglé pour entrevoir que ce coup de foudre ne sera peut-être qu’un déjeuner de soleil. Le temps et la raison seront leur moteur. Une belle réussite. M-P P. Théâtre de l’Essaïon 4e.


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