LA VÉRITÉ de Florian Zeller. Mise en scène Ladislas Chollat. Avec Stéphane De Groodt, Sylvie Testud, Clotilde Courau, Stéphane Facco.
« Toute vérité n’est pas bonne à dire ». Cet adage est le credo de Vincent. Préférer le mensonge à la vérité est pour lui beaucoup plus simple. C’est pourquoi, après vingt ans de mariage, il trompe sans vergogne sa femme Sophie avec Alice, l’épouse de Paul, son meilleur ami. Celle-ci, cependant, apprécie de moins en moins les rendez-vous dans un hôtel avec un amant qui, après une brève étreinte, se met déjà en quête de ses chaussettes ! Elle dit aussi ressentir un certain complexe de culpabilité envers son mari. Méchamment licencié, celui-ci est en pleine recherche d’emploi, le moral en berne. Alice juge donc préférable de cesser leur liaison et menace même de tout avouer à Paul à moins que Vincent n’accède à sa demande de passer un week-end en amoureux. Alice est-elle sincère ? Vincent n’y songe même pas. Il fait fi des scrupules, pour lui incompréhensibles, de sa maîtresse mais accède à son désir de passer une nuit ensemble. Ceci dit, un alibi cela se prépare ! Les sempiternels déplacements en province ne finissent-ils pas par interroger Sophie ? Quant à Paul, le chômage lui donne tout le loisir d’observer le comportement de sa femme. Les petits sous-entendus de son meilleur ami et le calme apparent de Sophie devraient pourtant alerter Vincent mais ne pouvant concevoir de dire tout simplement la vérité, il s’enferre. Et comme chacun sait, les mensonges se retournent toujours contre ceux qui les profèrent.
Florent Zeller a écrit cette première comédie en 2010 à l’intention de Pierre Arditi (Lettre 323). Qui ment à qui ? L’auteur a l’art de balader ses personnages dans les méandres du mensonge, à charge pour le public de démêler le vrai du faux jusqu’au dernier rebondissement. La mauvaise foi de son personnage principal est hallucinante. Il a également peaufiné les réparties que les trois autres comédiens s’approprient avec un art consommé. Sous le feu nourri des éclats de rire du public, la mise en scène se déroule avec efficacité. Appartements, hôtels, cabinet professionnel, vestiaires se succèdent, pas moins de sept décors, manipulés par les mains expertes des machinistes. Une comédie qui met les zygomatiques à rude épreuve ! M-P P. Théâtre Edouard VII 9e.