VENISE N’EST PAS EN ITALIE

Article publié dans la Lettre n° 404
du 23 novembre 2016


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VENISE N’EST PAS EN ITALIE d’Ivan Calbérac. Mise en scène de l’auteur avec Thomas Solivérès.
La cour de récréation est souvent le théâtre des premières amours. Deux regards d’adolescents se croisent puis se séparent avant de revenir se chercher. Le lycée de Montargis ne fait pas exception. Dans la cour de récré, Émile croise le regard de Pauline. Ce sont les prémices d’une histoire d’amour mais aussi d’une histoire improbable car si «le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point », ces raisons-là sont rarement compatibles avec la réalité.
Avoir des parents comme ceux d’Émile, « ça craint ». Il a un peu honte du métier exercé par son père et de l’allure de sa mère. Son frère qui a eu la bonne idée de s’engager dans l’armée, est loin d’être un modèle d’éducation. Mais il y a pire. Dans l’attente de la construction de leur maison, les Chamodot vivent dans une caravane. Cela représente l’immense avantage de se déplacer sans trop de frais mais après avoir été invité dans la demeure de Pauline, Émile mesure le fossé infranchissable qui les sépare. Pauline joue diablement bien du violon. Elle l’invite à la rejoindre à Venise où elle se produit dans un mois sous la baguette de son père, chef d’orchestre. Émile n’en croit pas ses oreilles, surtout lorsque ses parents décident de lui offrir le billet d’avion. C’est drôle des parents : ils vous engueulent à longueur de temps mais quand il s’agit des sentiments, les voici prêts à se mettre en quatre pour réaliser votre rêve. À cet égard, il vient à l’esprit des parents Chamodot une idée lumineuse : ils décident de l’accompagner à Venise … en caravane. Et le frère, profitant d’une permission, s’invite au voyage ! Émile est partagé entre la joie d’entrer dans ce sanctuaire que représente pour lui La Fenice pour voir Pauline sur scène et la terreur d’avoir à lui présenter sa famille. Il va falloir jouer serré…
Le texte d’Ivan Calbérac est un petit chef-d’œuvre mêlé de fraîcheur et d’émotion. Thomas Solivérès s’en empare avec un talent fou, offrant un seul en scène haletant, véritable prouesse artistique et technique. D’une formidable mobilité et tel un caméléon, il campe à lui seul tous les personnages et décortique les sentiments qui s’emparent d’Émile : le mal être de l’adolescence, le regard critique des autres qu’il porte aussi sur lui-même, l’angoisse d’être jugé, moqué, voire humilié. Diablement secondé dans son odyssée par les lumières et les multiples accessoires qui lui permettent de suggérer les lieux et les situations, Thomas Solivérès vit ce premier amour comme une évidence, immergé dans un voyage initiatique absolument irrésistible. M-P P. Théâtre des Béliers Parisiens 18e.


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