UR FAUST

Article publié dans la Lettre n° 410
du 11 janvier 2017


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UR FAUST. Texte de Goethe. Mise en scène Gilles Bouillon avec Vincent Berger, Baptiste Chabauty, Frédéric Cherboeuf, Etienne Durot, Marie Kauffmann, Juliette Poissonnier.
Un hémicycle sablonneux, des piles de livres à moitié enfouis, un pupitre et un tableau couvert d’équations, crânes et squelettes. Dans cet antre, Faust vitupère contre les faux savoirs qui ont hanté sa vie. Arrive le jeune disciple avide de toute cette science fallacieuse, Faust s’échappe. Comme émanant d’un tableau en hauteur, un docte universitaire emperruqué offre l’illustration caricaturale de ces sarcasmes, en relais inversé. Quand Méphisto survient, ricanant et contrefait, pour lui offrir ses services, Faust s’engouffre dans la béance d’une vie à découvrir, fraîcheur de la chair juvénile, émoi de la passion jusqu’alors méconnue. La blanche Marguerite en fera les frais jusqu’à sombrer dans l’infanticide et la folie.
La mise en scène joue sur les différents plans et les mouvements verticaux et horizontaux, avec en surplomb les spectateurs alternés de cette farce sinistre, où l’innocence souillée ne peut que ramper et se tordre de souffrance. Les loups inquiétants rôdent, le linge sèche, les fleurs jaillissent dans le jardin des rendez-vous galants, on effeuille la marguerite, au propre comme au figuré. Méphisto, en double inversé et servile de son maître d’un moment, claudique et grimace, tandis que Faust, malhabile et brutal, exprime l’impatience d’un amour timide et nouveau. Egoïste et aveugle surtout.
La noirceur est omniprésente, même lorsqu’elle est zébrée des rires de poivrots de taverne, même lorsque la concupiscence émerveillée des femmes leur fait entrevoir un allègement de leur misère quotidienne. Même et surtout lorsque la passion réunit les amants ou que Marguerite, blanche et échevelée, duplique son image dans le grand miroir incliné. Sur ce camaïeu de blanc, gris et noir, le cramoisi de la toge doctorale et le revers entrevu de l’habit diabolique apportent leur fulgurance sardonique.
Passent le cortège funèbre et les cocasseries de Méphisto, seul veille dans son coin le crâne des vanités. Memento mori. A.D. Cartoucherie-Théâtre de la Tempête 12e.


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