UNE HEURE À T’ATTENDRE de Sylvain Meyniac. Mise en scène Delphine de Malherbe. Avec Thierry Frémont, Nicolas Vaude.
En début de soirée, Daniel s’apprête à entrer dans le petit appartement, sous les toits de Paris, qu’il a loué pour la nuit via un site Internet. La lumière allumée, il sursaute à la vue d’un homme assis dans un fauteuil qui, semble-t-il, l’attend. Pierre se présente comme le propriétaire des lieux, conjoint d’une certaine Joséphine. Entre le mari qui s’estime trompé et l’amant supposé qui assure ne pas connaître l’épouse, un tête-à-tête policé s’engage, accompagné de quelques verres d’un whisky pur Malt de trente ans d’âge. Au cœur de cette situation peu commune, une femme, objet d’un amour absolu. Ils vont passer une heure à l’attendre.
Sylvain Meynac tisse en soixante-dix minutes une intrigue originale aux constants rebondissements. Les dialogues ciselés décrivent deux visions de la vie. Pour l’époux, comment conserver l’amour que l’on voudrait éternel, quelle bataille faut-il mener pour ne pas subir l’angoisse de l’érosion du couple, comment garder une femme admirée «qui est… Tellement…»? Pour l’amant, vivre d’aventures mais éprouver la solitude et l’impossibilité de s’acheter un foyer, vivre la contrainte du manque de l’autre. Ceci pour voir le temps passer inexorablement jusqu’au dernier voyage…
La mise en scène subtile fait la part belle aux deux comédiens. Thierry Frémont joue un Daniel tout en retenue, écrivain dont le succès ne compense pas l’absence d’une vie de famille. Nicolas Vaude, excellent Pierre, est l’avocat fortuné et terriblement amoureux d’une épouse selon lui idéale, qu’il ne se résout pas à perdre parce que « l’on ne garde pas une femme, elle reste ! ». Ils parviennent avec talent à captiver l’attention jusqu’à un épilogue inattendu.
« Une soirée comme celle-ci est une pépite», s’accordent-ils à dire. On s’approprie cette réplique avec enthousiasme! M-P P. Théâtre de l’Œuvre 9e.