UN FIL À LA PATTE de Georges Feydeau. Mise en scène Christophe Lidon avec Jean-Pierre Michaël, Christelle Reboul ou Noémie Elbaz, Marc Fayet, Catherine Jacob, Bernard Malaka, Adèle Bernier, Patrick Chayriguès, Cédric Colas, Stéphane Cottin.
« Un fil à la patte » reste décidément l’un des meilleurs vaudevilles de Feydeau. Public et metteurs en scène sont tous séduits par la belle mécanique de cet incontournable chef-d’œuvre. On ne s’en lasse pas !
L’annonce du mariage de Monsieur Fernand de Bois d’Enghien avec Mademoiselle Vivianne Duverger est publiée en bonne place dans le Figaro ce qui alarme grandement le fiancé. Engagé à signer son contrat de mariage le soir même, Bois d’Enghien ne sait comment s’y prendre pour rompre avec Lucette Gautier, une chanteuse de Music-Hall, maîtresse qu’il délaisse depuis une quinzaine de jours. La décision est délicate à mettre en œuvre lorsque l’on connaît l’attachement de Lucette pour son amant et que l’on craint son caractère ombrageux. Bois d’Enghien ne trouve aucune aide dans son entourage: l’ex de sa maîtresse, est davantage préoccupé par la pension de leur fils dont il a la garde ; Marceline, la sœur de Lucette, malmenée par celle-ci, souffre d’un manque de considération ; Bouzin, clerc de notaire, parolier à ses heures, ne cherche qu’à vendre ses chansons ; Ignace de Fontanet est aussi gaffeur que malodorant. Fernand fonde tout de même quelques espoirs dans Irrigua, un général venu d’un obscur pays d’Amérique du sud, au français approximatif, très épris de Lucette. Mais le fiancé se retrouve vite au pied du mur lorsque la baronne Duverger, en veine de surprise, engage Lucette pour la soirée de la signature du contrat de mariage de sa fille. Si la baronne, au bord de l’apoplexie, découvre le véritable visage de son futur gendre, la jeune Vivianne qui rêvait d’un mari plus émoustillant, est aux anges. D’un domicile à l’autre, péripéties, quiproquos et rebondissements ont raison des nerfs de chacun. Les portes claquent !
Feydeau raille avec un humour corrosif les défauts d’une société du paraître qu’il épingle sans complaisance. Admirablement construite, l’intrigue est infaillible, un véritable trésor pour un metteur en scène confirmé, tel Christophe Lidon. Son idée de la placer dans le contexte des années 50 contribue à la moderniser, tout comme l’utilisation de la vidéo qui filme les allées et venues extérieures à la scène. Celles-ci se juxtaposent à l’action et lui donnent une impulsion qui renforce, si besoin était, le rythme imposé aux comédiens qui, formidables, jouent, pour certains, plusieurs rôles.
À l’affiche tout l’été, cette irrésistible création, opportunément sur-titrée en anglais, s’adresse à un public d’autant plus large. M-P.P. Théâtre Montparnasse 14e.