LE SUICIDÉ

Article publié dans la Lettre n°603 du 30 octobre 2024


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LE SUICIDÉ d’après Nicolaï Erdman. Texte français, adaptation et dramaturgie Clément Camar-Mercier. Mise en scène Stéphane Varupenne. Scénographie Éric Ruf. Avec Sylvia Bergé, Florence Viala, Christian Gonon, Julie Sicard, Serge Bagdassarian, Adeline d’Hermy, Jérémy Lopez, Clément Hervieu-Léger, Anna Cervinka, Yoann Gasiorowski, Clément Bresson, Adrien Simion, Léa Lopez, Melchior Burin des Roziers, Vincent Leterme (musique et piano), Véronique Fèvre (clarinette) et Hervé Legeay ou Martin Leterme (guitare).
Glauque l’immeuble aux murs pisseux, écrin malodorant d’une kommunalka, appartement communautaire où la population s’entasse dans une pièce, partageant les parties communes. Sémione Sémionovitch Podsékalnikov, chômeur affamé, en quête d’un morceau de saucisson, réveille sa femme en pleine nuit. Il déclenche une scène de ménage puis disparaît. Une phrase mal interprétée et voici l’épouse et la belle-mère affolées, persuadées qu’il veut mettre fin à ses jours. Le voisin appelé à la rescousse, confirme. Il a confondu ledit saucisson avec un pistolet.  La nouvelle de ce suicide à venir se répand en ville comme une traînée de poudre, surtout chez les représentants d’anciennes classes sociales qui seront bientôt anéanties par la politique de collectivisation en cours. Rentré au bercail, Sémione voit alors défiler chez lui des hommes et femmes de tout poil voulant reprendre son sacrifice à leur compte pour faire entendre leur voix. Sémione se laissera-t-il convaincre de mettre fin à ses jours ou sera-t-il poussé par le désir de vivre ?
L’action se situe en 1928, époque où Staline n’est pas encore tout à fait le monstre qu’il s’apprête à devenir en faisant basculer l’URSS dans un totalitarisme violent.
Une mise en scène énergique, animée entre autres par Vincent Leterme, pianiste de choc, aiguillonne littéralement les comédiens qui naviguent avec une délectation non feinte entre le vaudeville, la farce et une satire réjouissante du régime et nous comprenons pourquoi l’œuvre de Nicolaï Erdman fut interdite en URSS par la censure depuis sa tentative de création en 1932 jusqu’en 1981. La pièce tire un peu en longueur, mais orchestrée par une distribution éclatante, on suit péripéties et rebondissements avec un plaisir certain. M-P P. Comédie-Française- Salle Richelieu 1er.


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