LA SOURICIÈRE d’Agatha Christie. Mise en scène Lilo Baur. Traduction Serge Bagdassarian, Lilo Baur. Scénographie Bruno de Lavenère. Costumes Agnès Falque. Lumières Laurent Castaingt. Musiques originales et son Mich Ochowiak. Maquillages et coiffures Cécile Kretschmar. Avec Clotilde de Bayser, Christian Gonon, Serge Bagdassarian, Anna Cervinka, Claire de La Rüe du Can, Jean Chevalier ou Yoann Gasiorowski, Sefa Yeboah, Jordan Rezgui.
Giles et Mollie Ralston, un jeune couple, mettent la dernière main à l’ouverture de l’auberge du manoir de Monkswell, dont Mollie a hérité. Presque toutes les chambres sont réservées mais une tempête de neige fait rage. Les pensionnaires arrivent malgré tout. Morts de froid, ils secouent, les uns après les autres, manteaux, écharpes et chapeaux couverts d’une neige que le vent introduit à chacune de leur entrée. La radio et les journaux annoncent une nouvelle, celle de l’assassinat d’une femme commis à Londres. Seul indice, le suspect porte manteau, écharpe et chapeau!
L’inspecteur Trotter survient. Il révèle à l’assemblée qu’un carnet a été retrouvé sur la scène de crime. Deux adresses y sont notées, celle de l’hôtel où le corps a été découvert et celle du manoir de Monkswell. Selon Trotter, le premier assassinat peut en cacher d’autres. Qui parmi l’assistance pourrait avoir un lien avec cette affaire ? Il ne croit pas si bien dire. Peu après, un pensionnaire est effectivement retrouvé mort. L’enquête est en marche.
Ecrite en 1947 pour la radio, «La Souricière» (The Mousetrap) est à l’affiche à Londres depuis 1952, date de sa création pour le théâtre. «La reine du crime» dresse comme toujours le portrait d’hommes et de femmes originaux, au passé trouble et développe péripéties et rebondissements dans une atmosphère angoissante, entretenue par la répétition lancinante de «Trois souris aveugles» (Three Blind Mice), une comptine vieille de quatre siècles.
La traduction, la mise en scène, la scénographie, les lumières et le son font feu de tout bois avec une imagination débordante. Neige qui s’accumule le long de la baie vitrée, manque de personnel, chauffage au plus bas, téléphone en panne, électricité coupée, le suspense croît à mesure et joue avec les nerfs. Tout le monde jauge, critique et soupçonne tout le monde tandis que, carnet en main, l’inspecteur cogite, suppute et déduit. Les comédiens sont fabuleusement vrais, Yoann Gasiorowski, remplaçant de dernière minute, entre autres. L’ovation finale est amplement méritée. M-P P. Comédie-Française – Théâtre du Vieux Colombier 6e.