SON ODEUR APRÈS LA PLUIE, d’après Cédric Sapin-Defour. Adaptation Véronique Boutonnet. Mise en scène Richard Arselin et Véronique Boutonnet. Avec Marie-Hélène Goudet.
Les troncs dressés des bouleaux élèvent les regards vers des cimes plus obscures d’où émanent le chant d’un oiseau, de la corde d’un violoncelle, les chuintements intrigants d’arbres caressés par le vent.
Elle s’y meut avec souplesse, grâce et tendresse, en compagnie joyeuse d’Ubac, le chien de ses amours vitales. Elle, c’est Marie-Hélène Goudet qui incarne l’enfant insouciante, puis l’adulte éprise de ces lieux de liberté où elle respire au rythme d’une nature qui lui offre l’évidence de ses errances.
Petite annonce dans le journal, une portée canine au détour d’un bistrot «couleur locale», IL est là, il l’attend, au pied du café-tarte aux fruits. Coup de foudre réciproque avec le futur compagnon de toute une vie, au-delà de la mort, au cœur d’ineffaçables souvenirs. Le chiot Ubac l’a aussitôt reconnue, sans filtre, dans la prescience de leur unicité réciproque. Leurs vies se sont inextricablement nouées, dans la joie comme dans l’anxiété et la douleur des accidents imparables. Évocation en filigrane des repas de famille, des amours, des galopades d’enfance, des complicités quotidiennes. Des respirations partagées.
Comment survivre à l’absence d’Ubac? En l’écrivant. En jouant avec le corps qui jaillit, saute et renifle et flaire et hume, qui se roule par terre de jubilation, qui rampe de souffrance, qui rit de souvenirs. Avec les mots qui ouvrent le champ de la poésie.
Merci à «Shadock et tous les chiens de l’enfance», dit-elle. Et à Ubac, qui console de tous ces «adrets» qu’on voudrait parfois imposer aux enfants folâtres et indociles.
Quel cadeau d’émotion, tendre et sans intempestive sensiblerie, offert à tout un chacun dans le public, qui y trouve sa propre résurgence! A D. Lucernaire 6e.