SILENT POOL
La reine du crime a disparu

Article publié dans la Lettre n°625 du 12 novembre 2025


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SILENT POOL. La reine du crime a disparu. Texte de Carla Girod, Drys Penthier et Axel Stein-Kurdzielewicz. Mise en scène David Legras et Axel Stein-Kurdzielewicz. Avec Camille Delpech, Drys Penthier, Émilien Raineau, Justine Marçais, Carla Girod, Axel Stein-Kurdzielewicz et la voix de Valérie Français.
Si la célébrissime Agatha Christie disparaît sans crier gare ni laisser aucune trace, en décembre 1926, -le fait divers est authentique-, comment ne pas aussitôt céder à la tentation d’une enquête policière, dont elle a toujours donné le ton? L’émotion est unanime, on envisage toutes les possibilités: enlèvement et rançon à la clef, évanescence sur le mode «Une femme disparaît», meurtre par mari jaloux et cupide, suicide d’épouse trompée, machiavélisme mercantile? Amnésique–vraie ou simulée? -quand on la retrouve après quelques jours d’incertitude nationale, Agatha ne livrera jamais la clef de l’énigme.
Les joyeux drilles de la Compagnie des Ballons Rouges s’emparent à bras-le-corps de cette énigme réelle et jamais résolue, pour en dérouler une intrigue «vraisemblable» qui comblerait les zones d’ombre de l’événement.
Dans ce canevas à la «Hercule-Poirot», le commissaire, fou de son corps et vaniteux carriériste, prouve à chaque pas son incompétence, sa jeune enquêtrice subtile, férue des romans de la disparue, y puise la logique d’une recomposition plausible et souffle des réponses. Chaque personnage est suspect et aurait intérêt à la disparition d’Agatha, la gouvernante est peut-être complice de la supercherie, l’amie se voile peut-être derrière une niaiserie apparente, le mari est criblé de dettes et en mal de divorce juteux. Et pourquoi pas l’éditeur, qui verrait ainsi s’envoler le chiffre d’affaires?
La vraisemblance du récit se corse de la voix off d’une hypothétique narratrice, Agatha elle-même qui sait?
Le même décor peint glisse en offrant d’autant plus d’espace à la variété de jeu jubilatoire des divers «architectes du suspense».  Bouquet de roses, voiture abandonnée près d’un marais étrange, identité usurpée. Le brouillard très «british» des parages humides contraste alternativement avec le confort «cosy» des intérieurs anglais.
La fresque ainsi déroulée et délicieusement interprétée emporte sans répit le spectateur chahuté et ravi dans une fantaisie de rires sans retenue. 
Et, en bord de coulisses, Agatha se régale elle aussi... A.D. Théâtre Le Funambule 18e (01.42.23.88.83).


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