SEASONAL AFFECTIVE DISORDER de Lola Molina. Mise en scène Lélio Plotton avec Anne-Lise Heimburger et Laurent Sauvage.
Vlad et Dolly se rencontrent dans un bar, il l’emmène dans un hôtel impersonnel et sans charme en rive de périphérique. Commence pour eux une cavale mortelle, pourchassés sans rémission jusqu’à l’explosion finale.
Mais que fuient-ils donc ? Elle a, semble-t-il, été témoin de la mort violente d’une copine de son lycée. Simple témoin ou partie prenante ? Son cou s’orne de mystérieuses taches de sang, que Vlad ne se fait pas faute de remarquer. Vlad, un diminutif qui fait songer au « saigneur » des Carpates, non ? Tatoueur, si l’on en croit sa mallette, mais que fuit-il lui aussi ? Le matelas inconfortable d’une vieille conjugalité ? Un passé plus trouble dont témoignerait le pistolet dans sa boîte à gants ?
Le plateau, quasi vide, est animé du seul écran de fond de scène où se déroulent en vidéo les méandres de la route et ceux de leur dérive. Ils racontent alternativement au présent, comme en voix off, les étapes de leur passion foudroyante, ils s’affrontent en dialogues directs dans un langage cru et sans filtre.
Dolly, la petite poupée si blonde, était son soleil lumineux, elle sera bientôt un crépuscule sans remède. Comme un suicide programmé pour ces deux identités troubles.
Les deux comédiens jouent à merveille de leurs contrastes et on court sans réticence avec eux vers le gouffre de leur catastrophe. A.D. Théâtre du Lucernaire 6e.