SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE

Article publié dans la Lettre n° 417
du 6 mars 2017


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SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE de Ingmar Bergman. Adaptation Jacques Fieschi et Safy Nebbou. Mise en scène Safy Nebbou avec Laetitia Casta, Raphaël Personnaz.
Nés dans des familles bourgeoises, les études accomplies, la situation établie, Johan et Marianne se sont mariés. Deux filles sont venues cimenter un bonheur que n’importe quel couple pourrait leur envier. Dix ans ont passé. Marianne énonce toute cette bonne fortune mais s’interroge sur le peu d'attrait qu’elle lui offre. Elle et Johan sont un peu las, sans doute, d’accomplir les devoirs familiaux du dimanche, d’assumer le surcroît de travail de professions qui ne leur laissent guère le temps de communiquer vraiment, de prendre leurs vacances dans le même lieu convenu. Ils auraient besoin d’une pause, de partir tous les deux, ailleurs, loin, pour se retrouver. Elle y aspire, il n’en ressent pas la nécessité. Une fracture s’est insidieusement formée dans leur couple, due principalement à la dégradation progressive de leurs relations sexuelles, véritable source de toutes les frustrations, des reproches et des justifications. Lorsque Marianne annonce à Johan une troisième grossesse, il reste de marbre, la laissant envisager seule la décision à prendre. Puis, sans ménagement, il lui annonce son intention de la quitter pour une autre femme. Il part sans remords, certain de son choix, elle est dévastée. Quand il reviendra, déçu par le miroir aux alouettes qu’il avait cru entrevoir, il sera trop tard. Elle lui tendra, pour signature, le contrat du divorce, à moins que…
Les œuvres d’Ingmar Bergman ont marqué plusieurs générations. Elles ont été écrites à une époque où la libération sexuelle battait son plein, où la place de la femme dans la société était revendiquée haut et fort. L’adaptation de « Scènes de la vie conjugale », film à l’affiche en 1973, a-t-elle la même résonnance aujourd’hui, si l’on considère la vie commune des couples en ce début du XXIe siècle, même si l’action, située en France plutôt qu’en Suède, marque sa dimension universelle ?
La mise en scène en retrait, la persistance presque totale d’un décor minimaliste, le peu de changements des costumes malgré les dix années qui séparent de début et la fin de cet affrontement destructeur, montrent la volonté de Safy Nebbou de focaliser entièrement l’action sur les deux comédiens et de leur laisser la totale liberté de se mettre à nu. Ils passent ainsi de leur propre personne aux personnages de Johan et de Marianne et exécutent minutieusement l’autopsie d’une relation idéale au départ, comme le pointe finement du doigt l’interview faite en prologue. La performance des deux comédiens séduit tout comme l’analyse du sentiment amoureux et de ce qu’il en reste une fois le couple assagi. M-P P. Théâtre de l’Œuvre 9e.


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