RUY BLAS

Article publié dans la Lettre n° 447
du 31 janvier 2018


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RUY BLAS de Victor Hugo. Spectacle de la Compagnie Les Nomadesques. Mise en scène Vincent Caire avec Damien Coden, Karine Tabet, Franck Cadoux, Gaël Colin ou Vincent Caire, Cédric Miele, Alexandre Tourneur ou Gaël Colin, Aurélie Babled.
Suite au déshonneur provoqué à l’encontre d’une jeune suivante qu’il refuse d’épouser, Don Salluste, grand d’Espagne, tombe en disgrâce. Cette humiliation, il la doit à la reine Doña Maria de Neubourg, seconde épouse du roi Charles II. Avant son départ, et décidé à se venger de la souveraine, Don Salluste requiert la complicité de son cousin Don César, un comte ruiné et vivant d’expédients parmi « tous les gueux de Madrid ». Mais celui-ci refuse de se commettre avec son cousin dans un dessein qu’il juge méprisable. Don Salluste fixe alors son choix sur Ruy Blas, un laquais assez éduqué pour savoir écrire, qu’il sait amoureux de la reine. Il le fait passer pour son cousin Don César dont il croit se débarrasser. Amoureux transi, Ruy Blas se voit tout à coup placé auprès de l’objet pourtant inaccessible de sa flamme. La reine le remarque. Durant les mois qui suivent, son ascension politique est foudroyante. C’est ce moment que choisit Don Salluste pour revenir et mettre sa vengeance à exécution.
Créé en 1838, « Ruy Blas » est l’un des derniers grands drames de Victor Hugo. Il situe l’intrigue de cette histoire d’amour romantique invraisemblable entre un serviteur et une reine, à la cour d’Espagne à la fin du XVIIe siècle, une époque où, selon Cadalso, « l’Espagne n’était plus que le squelette d’un géant ». Les conseillers, grands d’Espagne, s’arrachent les derniers lambeaux d’une richesse qui se tarit, profitant de l’incapacité du roi à gouverner.
« Le peuple, c’est Ruy Blas » écrit Victor Hugo en achevant sa préface. La compagnie Les Nomadesques suit cette intention avec beaucoup d’enthousiasme. Les sept comédiens en costumes d’époque mouillent littéralement leur pourpoint pour interpréter à sept une vingtaine de personnages. Dans un décor minimaliste, loin des fastes de cette cour castillane, la mise en scène recrée avec efficacité l’atmosphère mortifère de ce huis clos étouffant et porte à leur paroxysme les relations entre un serviteur amoureux d’une reine délaissée par un roi indifférent, à la merci des ministres corrompus, elle-même prisonnière de cet amour, l’un et l’autre aux prises au machiavélisme d’un homme. L’extrême attention du public atteste la performance de la troupe face à une œuvre qui traverse les siècles avec la même puissance. M-P.P. Théâtre du Ranelagh 16e.


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