LE ROI DES PÂQUERETTES. Le jour où Blériot a traversé la Manche. De Bérangère Gallot et Sophie Nicollas. Mise en scène Benoît Lavigne. Avec Maxence Gaillard, Emmanuel Gaury, Guillaume d’Harcourt, Lauriane Lacaze, Mathieu Rannou.
À Calais, l’atmosphère est électrique dans la chambre de l’hôtel où se sont installés Louis Blériot et sa femme Alicia, à la veille du grand jour. À l’aube, si le temps le permet, l’aviateur doit traverser la Manche dans le monoplace qu’il a construit, un engin d’avenir, qui, selon lui, va révolutionner un nouveau mode de déplacement dans les airs et vers de lointains continents. Ferdinand Colin, leur assistant, veille jalousement sur le prototype, installé dans le hangar d’une ferme. Tandis que le journaliste Charles Fontaine, à l’affut du moindre scoop, les harcèle, Hubert Latham, le grand rival de Blériot, viveur et séducteur invétéré, est prêt à retenter une traversée qu’il a ratée la veille.
L’appareil est archi-prêt si ce n’est un oubli de taille qui déclenche l’ire de Blériot. Mais l’homme est-il prêt, lui ? Les doutes, la peur de l’échec, l’hostilité de l’élément liquide qu’il doit franchir tenaillent celui que tout le monde surnomme le roi des pâquerettes pour avoir mordu la poussière et le gazon au cours de ses quelque trente et un essais tentés en trois ans. Le centralien, promis à un bel avenir, a investi toute sa fortune pour assouvir sa passion et il songe à renoncer. Mais c’est sans compter sur la force de caractère de son épouse…
La modeste chambre d’hôtel est l’écrin de cette nuit d’attente où les personnages sont animés par des sentiments contradictoires, de l’enthousiasme le plus vif au découragement le plus noir. Les péripéties s’enchaînent sans temps mort. Elles précipitent les comédiens dans des situations passionnées qu’ils exécutent avec talent, soutenus par une mise en scène trépidante et les éclairages précis. Le public suit avec passion la folle épopée d’un homme passé à la postérité, ému par la scénographie très réussie d’un épilogue annoncé, accomplissement éclatant d’un rêve devenu réalité. M-P P. Théâtre Le Lucernaire 6e.