REMBRANDT SOUS L’ESCALIER

Article publié dans la Lettre n°570 du 17 mai 2023


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REMBRANDT SOUS L’ESCALIER de Barbara Lecompte. Mise en scène Elsa Saladin. Avec Éric Belkheir, Christophe Delessart, Consuelo Lepauw (au violon).
Ceux qui ressentent un coup de cœur à la seule vue d’un tableau, comprendront celui de Barbara Lecompte pour le Philosophe en méditation de Rembrandt.
Au centre du tableau, un escalier hélicoïdal. Un homme âgé est assis à son côté, plongé dans ses pensées, éclairé par la lumière provenant d’une fenêtre. Au premier plan, un personnage s’active…
Au centre de la scène, un escalier. Un homme est assis à son côté, plongé dans ses pensées… Il pourrait être Harmen, le père du peintre, devenu aveugle, représentant le vieux Tobit de la Bible.
Cette mise en abîme permet d’imaginer les relations intimes entre un père et son fils, le second rejoignant le premier « sous l’escalier », après une journée de labeur. Éric Belkheir et Christophe Delessart les incarnent brillamment.
La vie professionnelle de Rembrandt Harmenszoon van Rijn commence sous de favorables auspices lorsqu’il rejoint le domicile familial à Leyde en 1624, après avoir été élève apprenti chez plusieurs grands maîtres à Amsterdam. C’est l’époque heureuse des débuts, celle des projets et des perspectives, encouragés par un père qui croit au génie de son fils. Rembrandt se considère comme un nouveau Rubens et nourrit de grandes ambitions, persuadé que ses dons le porteront très haut. Quel genre privilégier ? Portrait, peinture d’histoire ou biblique, paysage, nature morte… La question mérite d’être posée. Une visite de Constantijn Huygens, secrétaire de Maurice de Nassau, détermine sa notoriété naissante et engendre les premières commandes de portraits.
Époque heureuse avant la disparition du père en 1630. Mais, magie de la mise en scène, son âme est toujours présente, en contact avec la pensée de son fils. Elle assiste à son installation à Amsterdam en 1631, à son amour pour Saskia, la nièce de Hendrick van Uylenburgh, le marchand d’art qui le loge, à leur mariage, aux naissances des enfants. Puis le destin s’en mêle. Il grippe la belle machine du bonheur. Les deuils, la boisson, des liaisons qui scandalisent la « bonne société », une vie en marge, des commandes qui ne reçoivent pas l’adhésion et des dépenses inconsidérées conduisent le Caravage du clair-obscur sur de mauvais chemins. Le père ne reconnaît plus son fils mais l’assiste jusqu’au bout dans la pauvreté et la solitude. La mise en scène y pourvoit au son du violon de Consuelo Lepauw qui suggère avec talent l’entourage de Rembrandt, tandis que les lumières font la part belle au clair-obscur cher au peintre. Un très joli moment. M-P P. Théâtre Essaïon 4e.


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