RABELAIS

Article publié dans la Lettre n°524
du 12 mai 2021


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RABELAIS. Texte de Jean-Louis Barrault. D’après les œuvres de François Rabelais. Mise en scène Hervé Van der Meulen. Avec Étienne Bianco, Loïc Carcassès, Aksel Carrez, Ghislain Decléty, Inès Do Nascimento, Pierre-Michel Dudan, Valentin Fruitier, Constance Guiouillier, Théo Hurel,Pierre-Antoine Lenfant, Olivier Lugo ou Théo Navarro-Mussy, Juliette Malfray, Mathias Maréchal, Ulysse Mengue, Fany Otalora, Pier-Niccolò Sassetti, Jérémy Torres, Agathe Vandame.
Rabelais, c’est d’abord un énorme vivant qui refuse de se laisser museler de quelque manière que ce soit  et qui amplifie par ses rires multiples les contradictions inhérentes à la Renaissance, entre explosion des savoirs et inquisitions diverses. Le choix du gigantisme tombe sous le sens lorsqu’il décide de lâcher la bride à son imagination pour raconter, partager sa culture encyclopédique, donner à rêver et à réfléchir. Les langages le passionnent tout autant que le droit, la science des corps et celle des ciels, et le pluriel s’impose !
Pour provoquer l’intelligence de ses lecteurs tout en échappant à la censure menaçante, Rabelais prend le parti du rire assorti de la beuverie. À l’issue de la grande traversée, le mot de l’oracle de la Dive Bouteille n’est-il pas « Trink » ?
Rire de tout, sans nulle censure, rire pour ouvrir les pores du corps comme ceux de l’esprit. S’abreuver de joie de vivre, de savoirs universels, de rencontres, même au prix de la guerre picrocholine, de la noyade des moutons de Panurge ou des risques du mariage, inverser le regard sur les valeurs pour mieux en montrer les ridicules assassins. Faire dégeler les paroles, surtout. Jean-Louis Barrault, en 1968, avait rassemblé dans cette adaptation théâtrale l’essentiel de l’épopée délirante des cinq livres de Rabelais, autour de la figure des géants, Gargantua et Pantagruel et de leurs compagnons d’épopée. La mise en texte modernisée n’altère en rien la saveur bien en bouche de la verve rabelaisienne. Rabelais y dévore la vie, comme ses géants, avec démesure et une insolence roborative. Au-delà de la truculence souvent scatologique, il s’agit d’un art de vivre, plus que jamais d’actualité, qui recolore l’espoir d’horizons peut-être entrevus. Une escapade en liberté dont nous avons tant besoin !
Rabelais n’a pas pris une ride avec la jeune troupe issue du Studio d’Asnières, qui lui rend hommage aujourd’hui. Les comédiens virevoltent dans une chorégraphie impeccable, chantent juste et servent le texte avec exactitude et précision. L’espace scénique se modifie au gré des aventures grâce à des praticables protéiformes, les corps sont sollicités sans timidité.
On ne saurait résister au plaisir manifeste qu’ils prennent à jouer, - enfin !
Et François Rabelais hurle de rire au bord de la coulisse... A.D. Théâtre 13 / Jardin 13e.


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