QUAND JE SERAI GRANDE… TU SERAS UNE FEMME MA FILLE de et avec Catherine Hauseux.
En dialogue avec son versant masculin, « Quand je serai un homme », Catherine Hauseux s’interroge et nous interpelle sur ce que veut dire être une femme. Loin des banalités vindicatives d’un féminisme réducteur, elle part d’une constatation quelque peu dérangeante : pourquoi élève-t-on différemment les petits garçons et les petites filles ? Pourquoi les femmes se sentent-elles obligées d’ériger une armure autour de leur fille, comme si la vie risquait d’être pour elle un combat dangereux, sur la défensive à l’encontre des hommes ? N’y aurait-il pas une part de responsabilité et d’autocensure atavique dans la transmission éducative qui incombe aux femmes ?
Pour éviter un discours moralisateur qui n’échapperait pas au poncif, la comédienne campe cinq figures de femmes, de tous âges, à la fois pittoresques, pleines de dérision lucide, pour brosser un paysage souriant de la réalité et des rêves dans le parcours d’une vie de femme. Grand-mère pleine de sagesse, fille en posture de garçon manqué, sœur confrontée à l’injustice manifestée par le grand-frère érigé en protecteur. Il s’agit avant tout de montrer combien la coexistence avec le monde masculin pourrait être apaisée et souriante. De quoi revendiquer le partage et non la lutte de tranchées. Le décor est pratiquement le même que dans la version « masculine », le linge sèche, le repassage attend, et les sujets les plus brutaux y trouvent une quotidienneté à laquelle nul ne saurait échapper.
Une belle leçon, efficace et tendre, de donner à voir une liberté possible, ensemble. A.D. Théâtre Essaïon 4e.