LA PUTAIN DU DESSUS. Texte de Antonis Tsipianitis. Mise en scène Christophe Bourseiller avec Emilie Chevrillon.
Toute de noir vêtue, obsèques obligent. Mais pas de noir au cœur, ah non ! La voici enfin débarrassée de l’affreux, buveur, coureur, mari violent et flic corrompu. Erato, un joli nom de lyrisme et d’amour pour la jeune femme qui croyait trouver, dans le mariage avec cet Athénien, l’échappatoire au père et à la vie étriquée de provinciale. De naïveté bafouée en désillusion croissante, ne lui avaient été octroyées que la réclusion conjugale, la frustration quotidienne, en tentant d’éviter les brutalités physiques et verbales. Et, à l’étage au-dessus, jour et nuit, les émois galants et non moins tarifés avaient achevé de la déciller…
La rétrospective de ce mariage insupportable se déroule dans un espace domestique chaotique, presque sous la menace de l’uniforme désormais vide, où le pistolet voisine avec la grenade et la poudre maléfique, emblèmes du défunt. Mais telle est la force salvatrice des femmes, quand elles survivent à une telle violence, leur aptitude à la grenade dégoupillée des mots, à l’humour corrosif, au récit de dérision, à une liberté neuve. Enfin vivante, Erato. Emilie Chevrillon déploie, dans le massacre des tabous et autres préjugés, une vitalité rieuse et contagieuse. Un bel hommage aux femmes de tous temps et de tous lieux. A.D. Théâtre de la Huchette 5e.