LE PROJET PHOENIX de Kamal Rawas. Mise en scène Régis Florès avec Kamal Rawas et Régis Mazery.
Deux situations, deux tempéraments, deux espaces. Tout les oppose. D’un côté, Jean, dépressif quinquagénaire, est un acteur en déshérence totale, en fin de droits au chômage, qui survit au double abandon de sa femme et de sa fille et à la fin de vie de sa mère. Des rides, l’apparence avachie, une alcoolémie exponentielle. De l’autre, Franck le coach, beau gosse fou de son corps, papillonne avec succès et bonheur apparent entre l’épouse, les jeunes enfants, les maîtresses nombreuses et variées. Un sourire de façade, le mensonge aux lèvres, une technique bien rodée. Un projet de Pôle Emploi, qui veut rajeunir son image, les met en contact obligé. Plutôt spécieux, ce concours, dont l’un sera la dupe, l’autre le marionnettiste. Comment redonner une image gratifiante de soi à l’un, comment emporter la mise pour l’autre ?
Franck, passé maître dans l’artifice verbal et gestuel, transforme peu à peu Jean, quitte à en passer par le ridicule publicitaire. Succès apparemment garanti, mais prématurément proclamé… Ne nous hasardons pas à parier sur le gagnant.
La mise en scène tourne autour de cubes divers, alternativement translucides ou obscurs. Les deux acteurs sont très efficaces et contrastés et entraînent le spectacle dans la cocasserie et la lucidité, en évitant les pièges faciles de la caricature. Le miroir qui est tendu au public révèle bien des facettes de la société contemporaine. Grinçant et pertinent. À savourer. A.D. Théâtre Clavel 19e.