LES PETITS CHEVAUX. Une histoire d’enfants des Lebensborn. De Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango, Jeanne Signé. Mise en scène Jeanne Signé avec la collaboration de Pauline Devinat. Scénographie Marguerite Danguy des Déserts. Avec Florence Cabaret, Séverine Cojannot, Nadine Darmon, Samuel Debure.
Violette s’apprête à habiter la maison de sa grand-mère. En faisant le tri des papiers, elle découvre que ses grands-parents ont adopté sa mère en 1947 et constate à son grand déplaisir, qu’elle est la seule à l’ignorer. Hortense a posé une chape de plomb sur son adoption. Pour elle, ses parents sont ceux qui l’ont élevée. Victime de discriminations dans son enfance, elle n’est pas encline à se souvenir, encore moins à entreprendre des recherches sur ses géniteurs. Elle conserve juste le souvenir d’une femme venue l’entrevoir à l’école.  Mais Violette s’emploie à la faire changer d’avis. Elle qui ne souhaite pas avoir d’enfant fait de la recherche des origines de sa mère une quête personnelle.   
C’est le début d’une véritable enquête qui conduit mère et fille des archives de la Meuse, à La Croix rouge en Allemagne puis au centre mondial des archives de Bad Arolsen. Elles y trouvent un document muni d’un tampon de Dachau, une date : 1944 et un nom : Hortensia Schaffer. Hortense serait-elle juive ? Dans leur périple, elles rencontrent Fernand, lui aussi à la recherche de ses origines. Il se propose de les aider. Elles font alors connaissance des Lebensborn, « source de vie » en français, ces fabriques nazies des enfants parfaits où des bébés grands, blonds aux yeux bleus étaient élevés pour en faire une race idéale. Plusieurs de ces pouponnières virent le jour en Norvège, en Autriche, au Danemark, aux Pays-Bas, en Pologne et en France à Lamorlaye, dans l’Oise…
Quatre comédiens incarnent avec talent une dizaine de rôles, ceux de Violette, Hortense et Fernand mais aussi ceux des interlocuteurs qu’ils rencontrent sur le chemin de leur recherche. Une mise en scène vive et fluide leur permet de déambuler au milieu des cartons qui matérialisent les différents lieux de leurs investigations. Des photos des Lebensborn nazis, des vidéos de la jeunesse hitlérienne sont autant de témoignages glaçants qui accompagnent leurs propos. Au-delà de ce fait historique peu connu, Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango et Jeanne Signé posent avec justesse la question des origines, de la filiation et de l’identité. Un spectacle didactique et émouvant mis en scène et interprété de la plus belle des manières.  M-P P. Théâtre La Reine Blanche 18e.