LES PETITES REINES d’après le roman de Clémentine Beauvais. Mise en scène Julie Heynemann avec Rachel Arditi ou Tiphaine Gentilleau, Justine Bachelet, Barbara Bolotner, Manon Combes, Mounir Margoum ou Sylvain Sounier.
Plutôt improbable, cette sympathie de trois filles disparates, dont le seul point de ralliement est leur nomination conjointe aux Boudins du lycée. Elles sont moches, paraît-il, du moins c’est ce que décrètent quelques petits mâles tout à la crétinerie de leur misogynie, qu’ils s’empressent de diffuser sur les réseaux habituels. Alors, on va faire front commun, entre handicapés de la beauté ou du drame militaire. L’horizon se profile pour les quatre désormais complices. L’Elysée, la garden party du 14 juillet. Y trouvera-t-on l’objet de sa quête, qui un père, qui ses rêves en chansons, qui la reconnaissance de son drame ou la vengeance d’une médaille ? De ces quelques centaines de kilomètres à vélo, tissés d’aventures et de rencontres, de tendresse et de rires, et beaucoup de courbatures plus loin et plus tard, les filles et leur compagnon d’infortune reviendront définitivement conscients que la beauté est ailleurs que dans les normes stupidement assénées par une société de l’exclusif paraître. En dépit de la vacuité médiatique, de la rapacité de reporters en mal de scoop, de tous ceux qui voudraient être sur la photo.
Trois vélos hauts en couleurs, un fauteuil roulant, le paysage qui défile en fond de scène, des spots, un tapis rouge. La mise en scène sobre et efficace concourt à l’expansion d’une parole joyeuse et tendre, sans concession ni larmoiement, de dialogues tout en contrastes qui ne s’appesantissent ni dans un féminisme militant ni dans le procès indigné du malheur. Les divers personnages sont campés avec une émotion d’excellent aloi, que la vivacité des comédiens déguise avec pudeur.
Courez vite leur faire un bout de conduite, le temps d’une étape.
Allez, les filles, on pédale avec vous, et vivent les bras musclés du grand frère ! A.D. Théâtre Paris Villette 19e.