LA PETITE FILLE VÊTUE DE  ROSE de Coralie Miguel. Mise en scène Marina Gauthier avec Coralie Miguel ou Roxane  Turnel, Sevda Bozan, Thaïs Lamothe. Remplaçantes : Sarah Scotté, Eléonore  Hendricks.
                  Dans  une cellule de la prison de York, Kate, dite Nevena, et Gaëlle se regardent en  chiens de faïence, la première contrariée de voir ses mois d’isolement  subitement interrompus, la seconde, en larmes, réclamant sans succès le droit  de téléphoner juste une fois. Nevena purge une peine depuis quatre ans et deux  mois. Gaëlle vient d’arriver. Elle est sous le choc de son incarcération et va  vivre suspendue au souffle de la passante plongée dans le coma qu’elle a  renversée. Gynécologue, la jeune femme terminait ses études et voyait déjà ses  rêves se réaliser. Rien ne la condamnait à se retrouver enfermée dans cette prison  pour femmes, encore moins en compagnie de Nevena dont la vie s’oppose  radicalement à la sienne, du moins, le croit-elle. Les semaines puis les mois s’écoulent,  rythmés par un quotidien répétitif et des bruits devenus familiers : cris  et pleurs provenant d’autres cellules, grincement métallique des serrures, claquement  des lourdes portes qui se referment, hurlement des sirènes de police… Gaëlle a  été affectée à la bibliothèque. Nevena tue le temps en confectionnant de toutes  petites maisons ou en écrivant des poèmes. Une télévision qui permet seulement  de visionner d’hypothétiques K7, un peu de musique et quelques livres les ont  vite lassées. L’hygiène est épouvantable, la promiscuité totale, comme le  montre la cuvette des W.C qui trône là comme un meuble à part entière, rappel, si  besoin était, de leur déchéance. Tout ceci serait presque vivable si elles ne  croisaient pas, la peur au ventre, certaines détenues au réfectoire ou à la promenade.  Nevena, maintenant cloîtrée, l’a appris à ses dépens. L’angoisse les tenaille  aussi lorsqu’elles entendent des pas se rapprocher dans le couloir, ceux  hostiles d’Amanda, la matonne, qui prend un malin plaisir à les tourmenter,  Nevena surtout, son souffre-douleur. Le temps cependant fait son œuvre. Les  deux jeunes femmes s’apprivoisent mutuellement et se confient. Elles ne sont  pas si dissemblables tout compte fait. Une réelle tendresse puis un fort  attachement tissent peu à peu les liens indispensables à leur survie, mais pour  combien de temps ? Ce que dévoile Nevena de sa vie est tragique et,  encore, elle en occultera jusqu’au bout l’épilogue à sa codétenue et compagne. 
                  Coralie  Miguel brosse par petites touches un portrait glaçant du cauchemar vécu par des  milliers de femmes à travers le monde que les drames de la vie ont précipitées  là, à leur corps défendant, faute d’avoir bénéficié d’une enquête approfondie  ou d’un procès équitable. La mise en scène met parfaitement en lumière leur vie  mise entre parenthèses dans l’attente d’une issue favorable ou dans la détresse  d’une sentence déjà prononcée. Thaïs Lamothe, Amanda, Sevda Bozan, Gaëlle et Roxanne  Turmel, Nevena ce soir-là, interprètent leur rôle avec une formidable  conviction. M-P P. Théâtre Montmartre  Galabru 18e.