L’ORCHESTRE EN SURSIS

Article publié dans la Lettre n° 439
du 11 octobre 2017


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L’ORCHESTRE EN SURSIS de Pierrette Dupoyet. Mise en scène et interprétation Pierrette Dupoyet.
On croit tout connaître, savoir, avoir entendu, avoir vu, des horreurs des camps, de la barbarie nazie. Mais a-t-on conscience que l’inhumanité paraît plus innommable encore, quand elle se voit confrontée à ce qui est, ou devrait être, aux antipodes de l’abomination, la musique ? La musique, ceux et celles qui la composent et l’interprètent, l’harmonie à laquelle elle contribue, la musique consolatrice. Auschwitz nous tend ce miroir. Au cœur de l’horreur, il y eut un lieu où l’on survivrait peut-être parce qu’on était musicien, où, avec les moyens de pire fortune, on entrebâillait pour les déportées un horizon possible, celui de la liberté. Mais au prix de quel paradoxe ! Celui de la compromission avec leurs bourreaux, celui du dévoiement de Schubert ou de Beethoven, celui de l’oubli impossible et de la survie factice. Pierrette Dupoyer, éternelle globe trotteuse de la dignité humaine et des figures qui font encore espérer en l’Homme, nous emmène dans le quotidien de l’orchestre d’Auschwitz en s’incarnant en Fania, pianiste et chanteuse qui vécut de l’intérieur cette douloureuse expérience. Cette traversée de l’horreur, entre naïveté et cynisme, entre rire et sanglots, est bouleversante, sans que l’émotion à son paroxysme n’en tombe pour autant dans la sensiblerie à fleur de paupière. La preuve magnifique que rien ne peut venir à bout de la liberté à l’intime de la conscience humaine. Et quand Aragon et Jean Ferrat conjuguent la poésie en fin de spectacle, impossible d’en sortir indemne. À voir absolument. A.D. Théâtre de la Contrescarpe 5e.


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