LA NUIT DES ROIS OU TOUT CE QUE VOUS VOULEZ

Article publié dans la Lettre n° 464
du 17 octobre 2018


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LA NUIT DES ROIS OU TOUT CE QUE VOUS VOULEZ de William Shakespeare. Traduction Olivier Cadiot assisté par Sophie McKeown. Adaptation et mise en scène Thomas Ostermeier avec Denis Podalydès, Laurent Stocker, Stéphane Varupennne, Adeline d’Hermy, Georgia Scalliet, Sébastien Pouderoux, Noam Morgensztern, Anna Cervinka, Christophe Montenez, Julien Frison, Yoann Gasiorowski.
La jeune Viola, rescapée d’un naufrage comme son frère jumeau Sébastien qu’elle croit s’être noyé, a échoué sur la plage du royaume d’Illyrie. Pour se préserver, elle se travestit en homme, prend le nom de Césario et se met au service du duc Orsino. Charmé par son apparence, celui-ci en fait son page et le charge de se rendre chez la Comtesse Olivia, dont il est épris, pour lui déplier la carte de son amour. La Comtesse refuse de répondre à sa flamme et Orsino, malade d’amour, laisse son pouvoir se consumer. Olivia, en revanche, est troublée par son messager à l’apparence androgyne. Césario /Viola ne sait comment repousser ses avances. Éprise du Duc mais prisonnière de son travestissement, elle se morfond, ne pouvant dévoiler son identité pour lui déclarer son amour.
La folie guette. Malvolio, l’ambitieux intendant d’Olivia, échafaude des projets de conquête, méchamment annihilés par Feste et la perfide Maria, bouffon et dame de compagnie de la Comtesse, tous deux aiguillonnés par Sir Toby, l’oncle ivrogne, aussi décadent que Sir Andrew, son ombre et âme damnée. La fin de cet imbroglio verra la réapparition de Sébastien, calmera les esprits mais n’apaisera pas les cœurs.
Shakespeare manie l’apparence et la réalité, joue avec le travestissement et l’ambiguïté des rôles qui étaient, à l’époque, exclusivement tenus par des hommes. De l’invraisemblable fiction qu’il se proposait d’écrire, naît un intense et subtil travail de traduction et d’adaptation.
La mise en scène est spectaculaire. Thomas Ostermeier surprend par la singulière alchimie qu’il réussit à créer entre l’œuvre, sa mise en scène, sa propre direction d’acteurs et la liberté de jeu et de langage que ceux-ci adoptent. Ils côtoient de près le public, revêtus de « costumes » plus ou moins extravagants selon la teneur des propos et des agissements des personnages qu’ils incarnent.
Le plus grand délire règne sous le regard d’un singe qui suit, impassible, le va et vient des comédiens. Étourdissants, ceux-ci traversent le plateau, vaste plage de sable blond, et parcourent la longue et étroite jetée qui va de la scène au fond de la salle. Ils s’attirent, se repoussent, se chamaillent, s’enivrent, complotent, s’affrontent, croisent le fer. Ils ont pour seul répit les passages musicaux composés à partir de musiques de la Renaissance et la voix cristalline du contre-ténor qui exalte les émotions.
« On jouerait ça à La Comédie Française, je me ferais rembourser » » lance un comédien au plus fort de l’intrigue. Pas sûr ! M-P.P. Comédie-Française-salle Richelieu 1er.


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