LE MONTE-PLATS

Article publié dans la Lettre n° 452
du 11 avril 2018


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LE MONTE-PLATS de Harold Pinter. Mise en scène Étienne Launay avec Benjamin Kühn, Simon Larvaron, Bob Levasseur, Mathias Minne.
Une pièce en sous-sol, sans fenêtres, accueille de façon spartiate deux hommes sans âge. Le port d’une arme donne à penser qu’ils sont là, dans l’attente du feu vert qui leur permettra d’accomplir un nouveau contrat. Leur conversation dit leur habitude de travailler ensemble mais l’ascendant de Ben sur Gus est visible. Ce dernier exécute ses ordres en bougonnant mais il s’exécute. Le signal du déroulement du contrat ne leur parvient pas, l’attente est pesante et leur porte sur les nerfs. La tension monte entre les deux complices lorsqu’une main anonyme glisse une lettre sous la porte puis un bruit se fait soudain entendre, celui des rouages d’un monte-plats qui va et vient, apportant des demandes successives de commandes que les deux compères sont bien en peine d’honorer. La première stupeur passée, Gus émet l’hypothèse qu’ils se trouvent dans les cuisines d’un restaurant installé au-dessus. Cette nouvelle pression incongrue qu’ils tentent de satisfaire, les perturbe encore davantage.
« Un écrivain doit parfois fracasser le miroir - car c’est de l’autre côté de ce miroir que la vérité nous fixe des yeux ». Harold Pinter met cette réflexion personnelle en pratique en élaborant avec un certain cynisme une situation absurde que deux personnages tentent de gérer, obéissant aveuglément aux ordres reçus. L’incongruité de cette situation est portée par une autorité pyramidale, celle vindicative de Ben sur Gus et celle de plus en plus angoissante du monte-plats sur les deux hommes.
La mise en scène d’Étienne Launay est une vraie trouvaille. L’espace scénique est occupé par deux pièces côte à côte, chacune meublée par deux lits de camp. Quatre acteurs pour les deux rôles animent diablement cette œuvre aux actions répétitives. Ils sont deux fois deux à dialoguer et à se renvoyer la balle dans la même pièce mais aussi d’une pièce à l’autre. Ce « ballet » original et burlesque renforce le propos de l’auteur. Parfaitement réglé, il est exécuté par de formidables comédiens. M-P.P. Théâtre Le Lucernaire 6e.


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