MOI ET FRANÇOIS MITTERRAND de Hervé Le Tellier. Mise en scène Benjamin Guillard avec Olivier Broche.
Le maroquin sous le bras comme tout homme important qui se respecte, Hervé Laugier pourrait se croire ministre. Il n’est pas peu fier d’avoir entretenu une correspondance assidue avec le président François Mitterrand. Fort de son importance, il remémore toutes ces années d’amitié partagée, grâce aux missives échangées entre l’homme ordinaire qu’il représente et celui qui occupait la plus haute fonction de l’état.
Tout commença par une banale carte postale adressée au président durant des vacances à Arcachon pour le féliciter de son élection. Quel ne fut pas son étonnement lorsqu’il reçut une réponse trois mois plus tard, une lettre dactylographiée signée du président ! Il se plaît à la relire. Il en examine le style et les mots employés. « Ne doutez pas que vos remarques recevront toute l’attention qu’elles méritent et seront prises en considération », la phrase le remplit d’orgueil. Après avoir reçu cette première réponse, il ne résista pas à la tentation de lui adresser une seconde lettre. Elle eut, elle aussi, sa réponse et ainsi de suite jusqu’au décès du président. Les échanges étaient pourtant à sens unique, Hervé confiait surtout ses déboires amoureux et professionnels. Mais les réponses lui permettaient de penser que, tel un démiurge, le président était intervenu dans son destin au moment opportun. Le pli fut pris car les lettres continuèrent même après le décès de Mitterrand, à sa grande surprise ! Mieux que Jack Lang ou Jacques Attali qui croyaient leur président disparu, lui était donc l’ami privilégié, celui mis dans la confidence…
Pourquoi pas ne pas poursuivre l’aventure avec les locataires suivants même si les penchants politiques ou affectifs étaient d’un tout autre ordre ? Écrire une chanson pour Carla, un scénario pour Julie étaient dans ses cordes. Il franchit le pas sans complexes et les réponses lui parvinrent avec la même cadence…
Debout ou assis derrière un bureau Louis XVI, Olivier Broche prend son auditoire à témoin comme s’il s’agissait d’un ami et lui conte cette histoire invraisemblable mais tellement originale avec un drôle de talent. M-P P. La Pépinière Théâtre 2e.