LES MÉTRONAUTES

Article publié dans la Lettre n° 451
du 28 mars 2018


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LES MÉTRONAUTES. Texte et mise en scène Arthur Deschamps avec Patrice Bertrand, Luana Duchemin, Nicolas Fenouillat (percussions), Marina Glorian, Lucas Hérault, Alexandre Lenis, Canaan Marguerite, Marlène Rabinel et Pauline Tricot.
On est dans le métro, trivial, quotidien. Un chef de rame plus qu’original donne le rythme à la course incessante des usagers, scandant les périples par le nom des stations, les bruitages de la mécanique, l’annonce lancinante et polyglotte des incidents de parcours ou des risques de vol à la tire. Tout compte fait, la fresque ordinaire des Parisiens, qui s’y croisent autour du pilier central auquel ils tentent de s’accrocher pour éviter les soubresauts, qui se disputent les sièges inconfortables, qui se frôlent et se repoussent. On y rencontre les types humains coutumiers, les chanteurs et autres mendiants sans succès, le séducteur désopilant, le militaire en retraite, l’hystérique avec ses sacs qui aboie sans crier gare, la disgracieuse qui aimerait bien elle aussi être dans le regard de la drague. Parfois, la narcoleptique se répand sur le sol, dans la parfaite indifférence de ceux qui la contournent, de vieilles connaissances se retrouvent, on échange des excuses épineuses. Le clown se love dans la tendresse d’un manteau, le poète dans un rire inextinguible raconte sa sempiternelle fable du « fluchu ».  Point n’est besoin de claires paroles échangées, les syllabes s’avalent, les accents s’entremêlent. Danses et chants s’entrelacent dans ce tissu de solitude, d’indifférence, d’angoisses variées et de dénuement. Bol et bassines résonnent, la pompe à vélo chuinte. Chico et Aïe-aïe-aïe mènent le chœur. Ainsi se dessine en assonances et dissonances une poésie du métropolitain. Dans une folie pleine d’invention, les acteurs, excellents et divers, se croisent, se charment ou se heurtent, sans temps mort ni lassitude.
Le spectacle, sur un rythme endiablé et dans la souplesse des corps, offre un patchwork jubilatoire des misères banales et des émotions soudaines de la promiscuité. Et le rire va bien au-delà de la surface des choses. Une vraie leçon de comportements urbains. Au sortir de cette farandole, le regard a changé sur les compagnons momentanés du retour. A.D. Théâtre 13 - Seine 13e.


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