MEILLEURS ALLIÉS

Article publié dans la Lettre n° 438
du 27 septembre 2017


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MEILLEURS ALLIÉS de Hervé Bentégeat. Mise en scène Jean-Claude Idée Avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olcée, Denis Berner.
Longiligne, hautain, De Gaulle affronte Churchill, le petit rondouillard, bouillant et volubile. Tout les oppose, même si un pessimisme foncier les anime l’un et l’autre, avec des formulations contrastées. En ce début de juin 1944, l’enjeu des heures à venir est de taille, la victoire ou la défaite du débarquement des Alliés sur les côtes normandes, l’avenir de l’Europe, l’influence mondiale des Etats-Unis. De Gaulle, désabusé, a avalé tant de couleuvres depuis son séjour anglais, il parle de la grandeur de la France, d’un avenir visionnaire, le tout sur un ton amer, avec de brusques accès de colère et de refus. Churchill, quant à lui, noie son angoisse dans la joie feinte de l’alcool, les bons mots, les méchancetés distillées, le ton sans appel d’une autorité de chef d’État. Dans le huis clos du premier acte, vrillé des rafales de pluie et des passages en vidéo des avions de chasse, les deux monstres sacrés s’affrontent, deux héros de l’Histoire avec majuscule. De Gaulle refuse toute allégeance aux diktats américains, Churchill s’exaspère de ne pouvoir museler l’indocile qu’il s’apprêterait même à enfermer à la Tour de Londres, jusqu’au dénouement de ces heures dramatiques. Même si derrière la virulence de l’affrontement se dessine une admiration mutuelle, l’entente paraît impossible. Interviennent alors les diplomates de chaque camp, souffre-douleur patentés des deux chefs, qui, avec souplesse, viendront à bout des antagonismes. Les propos pourraient n’être que politiques, mais la subtilité de la pièce permet le dévoilement de zones d’ombre plus intimes qui confèrent aux personnages une fragilité humaine.
Dans une mise en scène sobre, alternant les halos de lieux différents, les deux héros sont remarquables, par la justesse de leurs attitudes, l’imitation impressionnante des tons de voix si connues, la variété des émotions qu’ils manifestent. Le tourmenté Viénot, ambassadeur français, et le flegmatique Eden complètent, sans lenteur, ce quatuor efficace.
Une très belle leçon d’Histoire, dans un passionnant affrontement de grands acteurs. A.D. Petit Montparnasse 14e.


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