LE MARRONNIER DE LA RUE CAULAINCOURT de Veronick Bourdoncle. Mise en scène Pascal Vitiello avec Bérengère Dautun et Lou Guyot.
Edith boit trop, fume trop, pleure rageusement et traîne un mal-être agressif dans l’appartement solitaire. Faute de mère, faute d’inspiration, faute d’amis. Lucie, sa délicieuse voisine, pétille de joie de vivre, d’humour, et est bien décidée à ne pas tolérer la dérive de celle qu’elle considère comme sa petite-fille d’adoption. C’est qu’elle en a à raconter sur ces trois générations de femmes minées par un esseulement qu’on dirait transatlantique.
Entre ces deux femmes, un palier, deux portes, une pierre tombale lieu de confidences.
Edith apaise par soubresauts cette hargne revendicatrice qui la mine, quand le récit familial et féminin prend corps au travers de photos, de lettres anciennes, de dialogues téléphoniques entre-ouïs, de révélations de l’aînée, de complicités multiples.
Edith fume moins, boit moins, retrouve le sourire et l’émotion des larmes libère l’inspiration enfin revenue. Le non-dit se dissout, le puzzle révèle enfin son image, le deuil est désormais possible.
Deux générations de femmes occupent la scène entre ombre et lumière, entre lieux de survie et espace de mort, et la parole des disparus se fait enfin loquace et apaisante. L’aînée, - Bérengère Dautun, une grand-mère telle qu’on en rêve – et la cadette, Lou Guyot à fleur de peau, forment un duo bien huilé pour un moment bien agréable. A.D. Théâtre Le Funambule 18e.