LA MALADIE DE LA FAMILLE M. de Fausto Paravidino. Mise en scène Simon Fraud avec Justin Blanckaert, Antoine Berry-Roger, Clément Bernot, Andréa Brusque, Laura Chétrit, Victor Veyron, Boris Ventura Diaz.
Un village sans attrait, oublié des transhumances nationales. Le médecin y joue le rôle des confesseurs désertés, témoin et confident des amours et des drames du quotidien. Luigi, le père en voie de gâtisme, tyrannise les trois enfants, leur mère a mystérieusement tiré sa révérence et Marta, l’aînée, tente de maintenir une cohérence domestique entre les séductions chaotiques de Maria la cadette, les dérives mentales du père et l’immaturité du fils Gianni. Les garçons du village, entre deux bières, caillassent les vaches pour combler le vide insondable de leurs existences. C’est un monde sans lueur, inerte et glauque, au passé obscur et à l’avenir improbable. Quelques horions entre petits mâles rivaux font couler le sang, qu’éponge le médecin, impuissant à consoler les hystéries passagères. Le téléphone vrille une ambiance de propos absurdes, de quiproquos prévisibles, de repas inachevés, d’aveux escamotés, de beuveries mortelles.
Au centre de la scène, la table familiale ne réunit pas la famille, même lorsqu’ils sont tous là. D’un côté, un abri où ne passe aucun bus, de l’autre le cabinet médical des souffrances sans remède. De l’un à l’autre, les feuilles mortes jonchent le chemin de la désespérance ordinaire.
«Wer reitet so spät durch Nacht und Wind… », qui court si tard dans la nuit et le vent… ? Le poème de Goethe et le lied de Schubert accompagnent, lancinants, cette dérive triviale d’une famille. Le jeu plein d’allant des sept acteurs évite le piège du sordide. Et la tendresse du regard l’emporte sur les grincements du rire et du drame. A.D. Théâtre 13 / Jardin 13e.