MADAME ZOLA

Article publié dans la Lettre n°488 du 16 octobre 2019


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MADAME ZOLA. Texte d’Annick Le Goff. Mise en scène Anouche Setbon. Avec Catherine Arditi et Pierre Forest.
1908, Zola repose désormais au Panthéon, à côté de Victor Hugo. Les honneurs lui ont été rendus, son épouse Alexandrine en a eu sa part, mais la voilà privée pour la seconde fois, six ans après sa mort, de son Emile, avec qui elle prolonge un dialogue mouvementé au-delà de la séparation. Elle ne lui y épargne ni confidences ni acrimonie. Plus de trois décennies ont soudé un couple infrangible, en dépit des atermoiements au mariage officiel, de l’hypocondrie du grand homme timoré, inféodé à sa mère et terrifié par la perspective du scandale de l’adultère dévoilé. Car, si attaché qu’il ait été à son Alexandrine, c’est vers la jeune lingère Jeanne qu’il avait porté son désir d’homme et de paternité. Tous ces épisodes, la maternité interdite, les combats politiques, l’Affaire Dreyfus, la loyauté jamais prise en défaut, Alexandrine les dévoile peu à peu, d’anecdotes en confidences et en aveux de souffrance, à son fidèle apothicaire, Monsieur Fleury, qui vient quotidiennement lui porter des remèdes de sa composition pour enrayer un asthme tenace. Le prévenant pharmacien n’est pas épargné lui non plus par les aléas de l’infidélité et du divorce. D’abord confident que la bouillante Madame Zola bouscule sans ménagement, il se mue progressivement en psychologue amateur, sans renoncer à la méthode de son illustre confrère, Emile Coué. Entre ces deux blessés du mariage, se noue une complicité tissée de souffrance. Il est imbu de ses découvertes qui révolutionneront à coup sûr la médecine, elle se montre bravache et fière de son passé de joli modèle des grands peintres de sa jeunesse, Manet, Cézanne. Mais leur solitude est patente et soude entre eux un couple atypique. Catherine Arditi campe, avec autant de délicatesse que de fougue rageuse, le désarroi de l’épouse meurtrie mais généreuse, qui sait combien elle a inspiré nombre de pages admirables des Rougon-Macquart et ne se fait pas faute de les lire avec grande émotion. Pierre Forest est attendrissant dans le rôle du comparse amusé, sensible et fragile. Une bien jolie mise en lumière des coulisses de la grande Histoire. A.D. Théâtre du Petit Montparnasse 14e.


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