LA LONGUE ROUTE de Bernard Moitessier. Adaptation, mise en scène et jeu Thierry Lavat.
Au moment où Bernard Moitessier et son copain Loïc préparent «la longue route», un périple autour du monde à la voile, le Sunday Time leur coupe l’herbe sous le pied en organisant le Golden Globe Challenge, une course autour du monde à la voile sans escale en solitaire, dotée d’un prix attractif. Les deux hommes décident de rallier Plymouth afin de tenter l’aventure. Le départ est donné le 22 août 1968. Bernard Moitessier s’embarque avec des appareils photos et un poste de radio pour recevoir des nouvelles mais sans radio pour se signaler. Un ingénieux système, connu de tous les marins, lui permettra de tenir au courant les organisateurs et son entourage. Il répond à l’appel du grand large avec son voilier Joshua, son copain de toujours. Si la lenteur qui caractérise les premières semaines de la course engendre un coup de cafard, le rythme rapide repris par le voilier est propice à la lecture et à la contemplation et compense les incidents de parcours. Le journal de bord est tenu quotidiennement. Joshua file au gré des vents bienfaisants qui lui procurent des moments intenses de détente et de bonheur. Seul en mer, le navigateur est en harmonie avec l’océan et l’univers. Les mois passent, il n’est pas pressé de rentrer. À Noël, c’est le cap Horn et un coup de cafard vite réprimé. Il ressent une grande paix, il sait qu’il va réussir.
Bernard Moitessier boucle son tour le 18 mars 1969. En passe de remporter la course et contre toute attente, il abandonne officiellement. Il a décidé de «quitter la terre pour habiter la mer». Son message: «Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer et peut-être aussi pour sauver mon âme».
Sur scène, plus vrai que nature, le loup de mer Thierry Lavat raconte avec un enthousiasme communicatif cette régate en solitaire et sans escale qui reste la plus longue jamais effectuée. Très mobile, la voix forte et convaincante, il se sert de la belle mappemonde du décor pour indiquer l’extraordinaire parcours, décrivant lieux et états d’âme de son héros. Ces derniers éclairent le rejet d’une civilisation qu’il quitte pour embrasser la liberté que lui confère un univers liquide sans frontières, ni fin. Un récit prenant, salué haut et fort! M-P P. Le Funambule 18e.