LA LOCANDIERA

Article publié dans la Lettre n° 466
du 14 novembre 2018


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LA LOCANDIERA de Carlo Goldoni. Traduction Myriam Tanant. Mise en scène Alain Françon. Scénographie Jacques Gabel avec Florence Viala, Coraly Zahonero, Françoise Gillard ou Clotilde de Bayser, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Noam Morgensztern, et le comédien de l’académie de la Comédie-Française Thomas Keller.
Mirandolina ne ressent pas la nécessité d’être protégée. Elle ne se résout pas à épouser Fabrizio, le valet de son auberge, comme le lui a recommandé son père avant de mourir. L’accorte locandiera est trop heureuse de la liberté de n’avoir de comptes à régler qu’avec elle-même. Menant ses affaires en maîtresse femme, elle sait comment éconduire ses soupirants sans les vexer, certains n’hésitant pas, pour la séduire, à lui promettre le mariage.
Au regard de la différence de leur rang social, le riche Comte d’Albafiorita, et le très désargenté marquis de Forlipopoli ne peuvent que lui offrir, l’un sa richesse, l’autre sa protection. Mirandolina esquive avec gentillesse leur harcèlement chevaleresque jusqu’à l’arrivée dans son auberge du Chevalier de Ripafratta dont la misogynie n’a d’égale que la goujaterie. Protection ? Qu’a-t-elle besoin de protection ? Révoltée par le mépris affiché du Chevalier à son égard, elle décide de le séduire au risque d’y laisser quelques plumes.
Une noblesse à trois visages s’affronte. Le Comte, grossier personnage, a acheté son titre grâce à sa fortune. Noble de naissance, le marquis est sans le sou. Le Chevalier a décidé de vivre hors des normes de la société à laquelle il appartient. Lui et Mirandolina ne feront jamais partie du même monde. Les opinions qu’ils sont surpris de partager ne peuvent aboutir à un lien amoureux. L’arrivée intempestive de deux comédiennes en goguette achève de bouleverser la locanda, havre de paix bercé par le chant des grillons.
Animés par leurs désirs respectifs, les uns et les autres se jaugent, tentent de séduire ou s’opposent. lls arpentent, fébriles, le couloir aux multiples portes qui se prête particulièrement bien à leurs allées et venues. Hervé Pierre et Michel Vuillermoz sont irrésistibles dans des rôles aux antipodes. Mirandolina est habile à séduire par le langage raisonné et non par les artifices de séduction. Le talent de Florence Viala fait merveille dans ce rôle. Elle et Stéphane Varupenne mènent délicieusement leurs tête-à-tête, soulignant subtilement la transformation qui s’opère dans l’esprit du Chevalier désarçonné par cette petite personne douée d’un jugement sans faille, au langage aussi affirmé que celui de Fabrizio, valet jaloux et tourmenté, remarquable Laurent Stocker. Un vrai bonheur dont on savoure chaque instant ! M-P.P. Comédie-Française Salle Richelieu 1er.


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