LETTRE D’UNE INCONNUE

Article publié dans la Lettre n° 468
du 12 décembre 2018


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LETTRE D’UNE INCONNUE d’après le roman de Stefan Zweig. Traduction Sylvie Howlett. Mise en scène Laetitia Lebacq, assistée par Patricia Marquet, avec Laetitia Lebacq.
Son enfant est mort hier, plus personne ne la retient sur terre. Mais comment quitter ce monde sans laisser une trace de l’amour inconditionnel qu’elle a voué à un homme, amour qu’elle n’a jamais avoué et surtout pas à lui ? Une lettre - testament, c’est ce qu’elle va laisser derrière elle pour l’informer enfin, lui qui n’a jamais décelé cet amour lors des rares rencontres et étreintes qui les ont unis.
Le roman épistolaire de Stefan Zweig décrit étape par étape la genèse et le déroulement de cette passion qui transporte la personne qui la vit, la dévore et la consume. L’émoi de la première fois, le cœur qui s’emballe, la gorge qui se serre à chaque absence, le bonheur inouï mais la douleur aussi que provoque une passion non partagée.
Elle avait treize ans quand elle vit l’écrivain emménager dans l’appartement en face du sien et, à la seconde, son cœur fut captif. Il décida de ne plus battre que pour lui, l’adolescente devint femme d’un coup. Les trois années qui suivirent, elle l’épia, l’observa sans jamais vraiment lui parler, emplissant ses yeux de sa silhouette svelte, élégante et souple, ivre de bonheur lorsqu’il posait parfois et distraitement sur elle son regard de séducteur. Elle faisait provision de cette présence et de ce regard pour supporter l’absence lorsqu’il partait en voyage. Et puis il y eut cette parenthèse de deux ans où elle-même dut partir pour Innsbruck. Durant ces deux interminables années, elle vécut avec lui à travers les livres qu’il écrivait, les articles de presse dont il était l’objet. Elle ne vécut que dans l’attente de revenir à Vienne. Et elle y revint, pleine de ses souvenirs et de son amour. Elle passa alors de longues soirées sous ses fenêtres jusqu’au soir où enfin son regard croisa le sien. Il ne la reconnut pas mais elle le suivit. Puis il s’absenta quelques semaines, s’abstint de la revoir à son retour. Et il y eut l’enfant, le fils de l’être adoré, une partie de lui pour elle seule. Comblée, elle sut élever cet enfant en gardant son secret. Quelques années plus tard, ils se rencontrèrent par hasard, elle le suivit de nouveau pour une ultime étreinte mais, cette fois encore, il ne la reconnut pas. Et l’enfant mourut.
Laetitia Lebacq évolue sous l’emprise d’un texte dont elle connaît chaque syllabe, chaque repli, guidée par la musique et enveloppée dans un cocon de lumière. Cette lettre, elle la partage passionnément avec ceux qui l’écoutent, subjugués. M-P.P. À La Folie théâtre 11e.

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