JAMAIS PLUS

Article publié dans la Lettre n° 475
du 20 mars 2019


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JAMAIS PLUS de Geoffrey Lopez. Mise en scène de l’auteur. Avec Antoine Fichaux.
Quel adolescent pourrait résister à l’appel au combat adressé à toute une jeunesse pour relever une Allemagne humiliée ? Franz est ébloui par les week-ends passés au bord de la mer autour d’un feu de bois, par la rude camaraderie où chacun s’endurcit et s’affirme. « Nous sommes l’armée en culottes courtes de l’Allemagne » clame avec fierté le gamin de treize ans qui voit tout à coup dans cet embrigadement l’accès à un monde insoupçonné, plus vaste que son environnement étriqué, la sensation d’être libre, vivant. Revêtir le costume, marcher en colonne, apercevoir de loin « le sauveur de l’Allemagne » est grisant. Et puis, il est tellement simple de désigner l’ennemi à abattre « cette racaille qui vole le travail des vrais allemands », ces juifs que son père, quelle honte, n’hésite pas à cacher pour les aider à fuir ! L’arrestation de son père, due à sa trahison, sanctionnée par la gifle magistrale de sa mère, puis leur pardon, marquent brutalement le retour à la réalité, une prise de conscience définitive, même s’il lui sera impossible d’effacer ces années d’aveuglement.
Bien plus tard, le jeune étudiant en médecine qu’il est devenu est entraîné par son frère Sebastian chez des amis, Hans et Sophie Sholl dont il écoute les idées. Son affectation à l’hôpital militaire en périphérie du siège de Leningrad est le coup de grâce. La vision des horreurs du combat et la mort de Sebastian lui dictent l’absolue nécessité de lutter contre la folie nazie par une résistance passive. Le mouvement des Roses blanches des Scholl est un idéal qu’il va suivre jusqu’à la mort.
Le texte de Geoffrey Lopez est le rappel coup de poing de l’existence de ces jeunes, pour la plupart étudiants, dont les chefs de file furent Sophie et Hans Scholl, condamnés à mort par les nazis pour haute trahison en 1943. Les lumières et la musique, efficaces, accompagnent Antoine Fichaux, Franz magistral. Déclinant avec force toutes les étapes de la jeune vie de son personnage, il appelle à une réflexion sur l’endoctrinement et la force d’une révolte qui tisse l’étoffe des héros. Une pierre essentielle apportée au souvenir des années mortifères de cet effroyable conflit. M-P.P. Théâtre du Roi René 11e.


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