J’AI SAUVÉ LA FRANCE ! L'incroyable destin de Charles VII. Texte d'Alain Péron. Mise en scène Rémi Mazuel. Avec Anne-Victoire Armstrong, Léo Bastard, Rémi Mazuel, Denis Souppe, Sophie Taoc.
1461. Charles VII, au seuil de sa mort, se raconte. Celui que l'on surnomma « le Victorieux » ou « le Bien Servi » pour avoir bouté les Anglais hors de France grâce à Jeanne d'Arc, n'était guère tenté par l'exercice du pouvoir, mais rêvait de lectures et de culture. Les aléas familiaux firent de lui un roi au très long règne, qui sut s'entourer de fidèles conseillers, quitte à les bannir ensuite, fut aimé de la plus belle dame du temps, et détesté par son propre fils, le futur Louis XI. Mais, à sa mort, il laisse un pays cohérent, sinon pacifié.
A la fois spectateur dans l'ombre et narrateur de ce cheminement, le vieux roi évoque lucidement et sans fard ces figures qui l'ont aidé dans l'accomplissement de ce qui a seul compté pour lui, le salut et l'épanouissement de la France. L'ami loyal Tanguy du Chastel, la retorse Yolande d'Aragon sa belle-mère, Jacques Cœur l'habile financier, Agnès Sorel lumineuse et amoureuse. Et surtout le jeune Charles tel qu'il fut et devint. Ainsi se brosse la fresque de ce qui contribua à la construction du pouvoir royal, par un monarque souvent déprisé. Une toile d'araignée patiente et efficace, souvent au prix de la sérénité et de l'amour.
Pour rendre tangible la mort qui rôde, tant dans les récits de bataille et de bûcher que dans les trahisons, les punitions et l'enfer entrevu, la mise en scène fait le choix du noir d'autant plus omniprésent que le décor est minimaliste. Seules échappées de lumière, l'immense cape blanche de Tanguy et surtout la robe flamboyante d'amour portée par Agnès la blonde.
On se laisse emporter avec fougue au fil de sentiments et de comportements, joyeux ou tragiques, que les cinq comédiens servent avec un enthousiasme complice. Grâces leur soient rendues de rendre si vivante une tranche d'Histoire méconnue. A.D. Théâtre de la Contrescarpe 5e.