L’HOTEL DES DEUX MONDES

Article publié dans la Lettre n° 163
du 8 novembre 1999


L’HOTEL DES DEUX MONDES de Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène Daniel Roussel avec Rufus, Jean-Yves Berteloot, Bernard Dhéran, Catherine Arditi, Laurence Côte, Viktor Lazlo, Benoîte Gazères, Fabrice Archirel.
L’hôtel porte bien son nom. Julien y est entré par un ascenseur dépourvu de boutons dont la porte refermée derrière lui se s’ouvre plus. Il est parvenu là, comme les autres, sans savoir comment, sans mémoire, sans autre bagage que celui d’une vie plus ou moins réussie. Parmi les autres, Certains sont là depuis longtemps. Ils l’accueillent sans le renseigner davantage. Ils sont comme lui, en attente, plus ou moins résignés. Une femme médecin les reçoit tour à tour,  s’efforce de les guider, les conseille parfois mais ne répond jamais à l’unique question qu’ils se posent tous. Ils finiront par comprendre ce que signifie ce huis-clos à la Sartre. Ils sont là, en transit, suspendus pour un temps entre deux mondes. Ils réemprunteront l’ascenseur qui les mènera vers le haut pour toujours ou vers le bas provisoirement. Ces hommes et ces femmes représentent l’archétype de l’espèce humaine que le succès ou l’échec de leur vie amènera à réfléchir. Durant ce laps de temps qui leur est accordé, ils pourront soit faire un retour sur eux-mêmes, soit s’enfoncer irrémédiablement dans l’erreur. Mais quoiqu’ils fassent, ils sortiront presque tous de l’épreuve transformés.
Les comédiens s’investissent intensément dans cet exercice métaphysique, évoluant dans un décor admirablement conçu et guidés par une mise en scène à la fois discrète et efficace. Le texte extraordinaire de cette pièce est  resté des années en gestation dans l’esprit de son auteur. Il l’a longuement pensé, profondément mûri. Il est le fruit de ses réflexions philosophiques. Pourquoi vivons-nous, que devenons-nous  lorsqu’arrive l’instant fatidique du départ? Il soumet des suggestions avec une profonde intelligence, une logique imparable et les convictions qu’il s’est forgées tout  au long des années  durant lesquelles il s’est posé ces questions fondamentales. Il a le talent de proposer des réponses sur le ton léger de la comédie, avec l’humour de celui qui a compris. Le spectateur est constamment étonné car rien dans l’action de la pièce ne se passe ni se conclut comme il l’imagine. L’auteur le surprendra jusqu’au bout. Il repart, ébloui, conforté dans ses pensées les plus intimes, convaincu qu’il a toutes les raisons d’espérer. Théâtre Marigny-salle Popesco 8e.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des pièces de théâtre

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur