LE HORLA

Article publié dans la Lettre n°538 du 5 janvier 2022


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LE HORLA de Guy de Maupassant. Adaptation et mise en scène Frédéric Gray. Assistant à la mise en scène Olivier Troyon. Avec Guillaume Blanchard, Olivier Troyon ou Frédéric Gray.
Du côté de La Bouille, entre Rouen et Le Havre, sa maison s’étendait non loin des méandres de la Seine qu’il pouvait contempler depuis ses fenêtres. Rien jusqu’alors ne troublait ce bonheur simple quand, au printemps, la nature s’ouvrait à lui dans toute sa beauté, étendu dans l’herbe ou au cours de ses promenades. À la mi-mai, cependant, quelque chose teinta imperceptiblement ce bonheur en tristesse et il s’interrogea sur ce subit ébranlement des nerfs. Il accusa alors ses cinq sens, si petits, face au mystère de l’invisible. Le médecin consulté ne lui trouva aucun symptôme alarmant. Mais la peur s’insinua le soir dans l’attente du sommeil et de ses mauvais rêves. L’angoissante sensation d’une présence s’imposa. L’été survint et avec lui l’idée d’un voyage. Depuis Avranches, l’éblouissement provoqué par le rocher surmonté de l’abbaye au loin lui redonna l’illusion du bonheur. Cependant, de sa visite au Mont Saint-Michel en compagnie d’un moine, il lui resta ces mots : « Est-ce que nous voyons la 100.000e partie de ce qui nous entoure… ? ». Une seconde escapade, parisienne cette fois, ébranla ses ultimes certitudes, suite à une invitation à une séance d’hypnose pratiquée sur une cousine. Le 10 septembre, il prit la décision de tuer le Horla, enfin nommé, mais aucune serrure, aucun brasier n’en vinrent à bout…
La rédaction du Horla, sous la forme d’un journal intime, coïncide avec certains des maux vécus par l’auteur lui-même qui le menèrent à une tentative de suicide. 
À mesure que le narrateur perd pied, au bonheur succèdent la peur, l’angoisse, la paranoïa, les hallucinations. Guillaume Blanchard décline avec talent le très beau texte de Maupassant et la mise en scène distille subtilement les bruits qui accompagnent l’ode au printemps. Puis l’un et l’autre glissent magistralement vers l’irrémédiable folie, les éclairages très travaillés et les cadres suspendus exerçant une emprise de plus en plus intense. Captivés, nous assistons là à un spectacle flamboyant à ne pas manquer. M-P P. A la Folie Théâtre 11e.


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