HAMLET

Article publié dans la Lettre n° 451
du 28 mars 2018


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HAMLET de William Shakespeare. Traduction et adaptation Xavier Lemaire et Camilla Barnes. Mise en scène Xavier Lemaire avec Grégori Baquet, Christophe Charrier, Pia Chavanis, Julie Delaurenti, Olivier Denizet, Laurent Muzy, Didier Niverd, Manuel Olinger, Stéphane Ronchewski, Ludovic Thievon, Philipp Weissert.
Nuit et brouillard sur les remparts du château d’Elseneur. Les veilleurs entrevoient l’ombre d’un spectre, peut-être celle du roi défunt. Celui-ci hante bien les lieux, cherchant à livrer à son fils, le prince Hamlet, les véritables circonstances de sa mort. Y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark ? Alors qu’il se reposait à l’ombre d’un arbre, son frère Claudius a versé un poison mortel dans son oreille. Deux mois ont passé. Claudius a accédé au trône et épouse aujourd’hui la reine Gertrude sa belle-sœur, veuve du roi défunt et mère d’Hamlet. Le prince qui a très mal supporté la mort de son père vit encore plus mal le remariage d’une mère tant aimée. Il nourrit alors la vengeance réclamée par son père, hésite, face à son ampleur, à la mettre en œuvre puis s’y résout.
Quelle compagnie n’a pas ardemment aspiré à monter ce monument de cinq heures, quel comédien n’a pas rêvé d’endosser le rôle-titre de cette tragédie passionnée, la plus intellectuelle du dramaturge ? La Compagnie des Larrons est rompue à ce genre de défi. Xavier Lemaire et Camille Barnes adaptent l’œuvre pour la ramener à deux heures et demie sans en trahir l’esprit, cisellent les vers libres aux monologues centrés sur les grands thèmes existentiels : le vide de l’existence, la difficulté d’agir sous le poids d’une réflexion, le suicide, la crainte de la mort et celle de l’au-delà qui sursoient aux décisions les plus fermes, la flétrissure de la chair, la noirceur de l’être humain, le triomphe du mal sur le bien.
Un spectre s’insurge. Être, ou ne pas être, mourir, dormir ou choisir de vivre pour exécuter la vengeance exigée, Hamlet tergiverse et retarde le moment fatidique mais le cheminement de sa réflexion mène invariablement à la mort. Celle de Polonius, serviteur zélé, et celle de sa fille, la pure Ophélie, sont les prémices d’une hécatombe programmée. Vient l’inévitable affrontement avec Laërte, leur fils et frère, ami fidèle du prince, dans un combat empoisonné, duel que Grégori Baquet et Philipp Weissert maîtrisent à la perfection. La troupe parée de costumes hétéroclites mais conçus selon la fonction de chacun, se dépense sans compter. Sur le plateau nu, seuls deux escaliers mobiles et un rideau suggèrent habilement les différents lieux d’une tragédie où la formidable densité de la pensée d’Hamlet hypnotise. La perfection Shakespearienne permet beaucoup dès qu’on en a le talent. M-P.P. Théâtre 14 14e.


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